Le taux d'inflation au Canada a continué de se relever en août, atteignant 1,4 % sur une base annuelle, alors que les entreprises estiment qu'elles accorderont des hausses de salaire sensiblement supérieures à leurs employés, 2,5 % en moyenne en 2018.

L'enquête annuelle réalisée pour le Conseil du patronat du Québec indique également qu'au Québec, les employeurs prévoient accorder à leurs employés une augmentation de salaire légèrement supérieure à la moyenne canadienne, soit 2,6 %.

Compte tenu du resserrement du marché de l'emploi, c'est normal que les hausses prévues soient supérieures à l'inflation, explique l'économiste principal de Desjardins, Benoit P. Durocher. « Le taux de chômage est très bas. Au Québec, il a même baissé à un creux historique cet été. Certaines pénuries de main-d'oeuvre commencent à apparaître. C'est ce qui explique des hausses salariales plus fortes que l'inflation. » Il s'agit de prévisions, précise-t-il.

Les mesures du mois d'août indiquent que le taux d'inflation au Canada est passé de 1,2 à 1,4 % sur une base annuelle, a fait savoir hier Statistique Canada. C'est un peu inférieur aux attentes des économistes, qui étaient à 1,5 %, mais l'indice des prix à la consommation (IPC) continue de se rapprocher du taux cible de 2 % de la Banque du Canada.

« C'est une troisième hausse consécutive, note Matthieu Arseneau, économiste principal de Banque Nationale Marchés financiers. Ça conforte nos prévisions et c'est cohérent avec une nouvelle hausse des taux d'intérêt en décembre. »

VENTES AU DÉTAIL DÉCEVANTES

Dans un rapport séparé, Statistique Canada a fait savoir que les ventes au détail avaient augmenté de 0,4 % en juillet, soit un rythme sensiblement plus lent que pendant la première moitié de l'année.

Cet indice, conjugué aux deux hausses consécutives des taux d'intérêt et au niveau d'endettement des ménages qui continue de s'alourdir, pourrait toutefois inciter la banque centrale à attendre plus longtemps avant d'augmenter ses taux pour la troisième fois. C'est en tout cas ce qu'a indiqué l'économiste Sal Guatieri, de la Banque de Montréal, à La Presse canadienne.

Mais la plupart des économistes misent sur une nouvelle hausse d'ici la fin de l'année. Chez Desjardins, on pense que ça pourrait se produire dès le mois d'octobre.

« Avant la fin de l'année », estime aussi Matthieu Arseneau.

Photo David Boily, Archives La Presse

Statistique Canada vient de dévoiler que les ventes au détail avaient augmenté de 0,4 % en juillet, soit un rythme sensiblement plus lent que pendant la première moitié de l'année.

Le taux d'inflation à la hausse sera un élément plus important pour la Banque du Canada pour continuer à relever ses taux, estime l'économiste.

DES SOUBRESAUTS

Après des mois de stagnation, il faut s'attendre à des variations plus importantes de l'IPC dans les mois à venir, souligne de son côté Benoit P. Durocher. « Les ouragans qui ont touché le sud des États-Unis ont fait augmenter le prix de l'essence, ce qui poussera l'IPC à la hausse. »

Les chiffres de septembre refléteront une hausse d'environ 6 % des prix à la pompe, ce qui pourrait faire augmenter l'IPC de 0,2 %. Cet effet sera temporaire, précise l'économiste de Desjardins, et la situation devrait revenir à la normale en octobre. « Sur une base annuelle, ces turbulences ne devraient pas avoir d'impact. »