Le ministre des Finances, Bill Morneau, n'exclut pas des modifications à l'entente sur la main-d'oeuvre avec le Québec.

«On verra, a répondu le ministre lors d'un entretien avec La Presse canadienne, jeudi. Ce n'est pas le dossier dans lequel je vais jouer un rôle prépondérant, mais nous allons être ouverts à une discussion sur comment nous pouvons faire les choses.»

Le budget déposé mercredi prévoit la renégociation des ententes sur la main-d'oeuvre avec les provinces pour bonifier les fonds alloués à la formation des chômeurs. Il prévoit 2,7 milliards supplémentaires en six ans.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait dû faire marche arrière en 2014 après que son projet de réformer le financement de la formation de la main-d'oeuvre eut échoué. À l'époque, le gouvernement péquiste de Pauline Marois dénonçait ce qu'il considérait comme une ingérence dans les compétences du Québec. Il avait obtenu une entente distincte qui arrivera à échéance en 2020.

Le gouvernement de Justin Trudeau veut maintenant arrimer les besoins en main-d'oeuvre de certains secteurs-clés avec la formation offerte aux chômeurs et aux sans-emploi. Le ministre Morneau cite les secteurs de la fabrication de pointe, de l'agroalimentaire et des biosciences comme importants pour le Québec.

«Nous pouvons trouver des façons d'avoir des formations avec les provinces pour améliorer la situation, a expliqué M. Morneau. C'est sûr que ça va être livré avec les provinces, mais il y a des opportunités de travailler en partenariat. Je suis convaincu que ça va être facile à faire avec nos homologues partout au pays et même au Québec.»

Mercredi, un porte-parole du ministre avait affirmé que l'objectif du gouvernement fédéral est de bonifier l'entente sur la formation de la main-d'oeuvre qui existe déjà avec le Québec et que ses compétences en la matière seraient respectées «à 100 pour cent».

Le ministre Morneau compte sur l'esprit de coopération qui existe entre Québec et Ottawa et cite en exemple les récentes négociations en santé et celles pour le Régime de pension du Canada et le Régime des rentes du Québec.

Le Bloc québécois sceptique

Le chef parlementaire du Bloc québécois, Xavier Barsalou-Duval, met en doute les intentions du ministre. «Nous, ce qu'on demande, c'est la bonne foi du fédéral, mais ce qu'on a vu dans le dossier de la santé, c'est qu'il n'y en avait pas de bonne foi», a-t-il dit.

Il demande au ministre Morneau d'affirmer publiquement son intention de respecter les compétences du Québec en la matière.

«Nous, tout ce qu'on veut, c'est un engagement de la part du gouvernement à respecter les compétences du Québec et à respecter les ententes qui ont été négociées pour ne pas recommencer à zéro tout le travail qui a été fait depuis des années», a-t-il dit.

Lors de la période des questions, le secrétaire parlementaire de la ministre de l'Emploi, Rodger Cuzner, a répondu, en réponse à une question du Bloc, que le gouvernement s'engageait à travailler avec toutes les provinces sur la formation de la main-d'oeuvre.