Après avoir réduit le fardeau fiscal des contribuables de la classe moyenne et annoncé d'importants investissements dans les infrastructures dans son premier budget, le ministre des Finances, Bill Morneau, estime qu'il faut maintenant investir pour stimuler l'innovation et soutenir la formation de la main-d'oeuvre pour remettre l'économie sur des rails solides.

L'innovation et la formation des compétences constitueront d'ailleurs les deux principaux thèmes de son deuxième budget, qui sera déposé à la Chambre des communes le mercredi 22 mars, a indiqué jeudi le ministre Morneau dans une entrevue accordée à La Presse.

« Le budget de 2017 sera une continuation de nos efforts pour aider la classe moyenne et améliorer notre niveau de croissance économique. Le budget de 2016 était une étape importante pour donner aux familles canadiennes un sentiment de confiance dans l'avenir. Nos mesures visaient à aider les familles dès maintenant avec une réduction des impôts et une refonte de l'allocation canadienne pour les enfants », a affirmé M. Morneau depuis Francfort, en Allemagne, où il participe à la réunion des ministres des Finances des pays membres du G20.

« Mais maintenant, les mesures doivent être pour le long terme. Nous allons faire des investissements dans une économie plus innovatrice et dans la formation pour les travailleurs. Notre but est d'avoir non seulement un impact sur le niveau de croissance économique, mais aussi sur tous les Canadiens », a ajouté le ministre.

M. Morneau soutient que de telles mesures constituent les ingrédients essentiels pour jeter les bases d'une croissance soutenue de l'économie canadienne à long terme.

Le grand argentier du pays a d'ailleurs martelé cet argument dans un discours qu'il a prononcé devant ses collègues du G20 en fin de journée, hier.

UNE « SITUATION ENVIABLE » MALGRÉ LE DÉFICIT

En entrevue, M. Morneau a indiqué qu'il était peu probable que le gouvernement Trudeau réussisse à rétablir l'équilibre budgétaire avant la fin de son mandat, soit en 2019, comme les libéraux s'y étaient engagés durant la campagne électorale de 2015. À moins, bien sûr, que l'économie canadienne n'enregistre un taux de croissance fulgurant au cours des trois prochaines années - une possibilité qui n'apparaît pas sur l'écran radar de la majorité des économistes pour l'heure.

Mais cela ne signifie pas pour autant que le gouvernement fédéral a perdu le contrôle de ses dépenses et que le déficit est problématique, a soutenu le ministre. À preuve, même si le déficit devrait s'élever à 26,9 milliards en 2017-2018, à 23,5 milliards en 2018-2019 et à 18,2 milliards en 2019-2020, selon les projections de novembre dernier, M. Morneau affirme que gouvernement fédéral demeure dans une situation fiscale et budgétaire enviable.

« À notre avis, le Canada a une très bonne situation fiscale. Notre niveau d'endettement par rapport au PIB est déjà le plus enviable des pays du G7. Nous allons conserver cette position enviable même avec nos investissements. Le défi, c'est d'avoir un niveau de croissance plus élevé et en même temps d'être certains que cela aide toutes les familles canadiennes, en particulier la classe moyenne », a-t-il dit.

Malgré les critiques acerbes du Parti conservateur, qui l'accuse de dépenser sans compter, M. Morneau soutient que son plan budgétaire de 2016 commence à rapporter des dividendes.

« Nous commençons à voir les résultats de notre premier budget, nous commençons à avoir un niveau de croissance plus élevé, grâce à la classe moyenne qui a plus d'argent dans ses poches. C'est déjà commencé. Nous avons vu durant les six derniers mois le niveau de croissance et de création d'emplois le plus important depuis 2002. Nous voyons que la situation s'améliore. Mais il y a encore plus de travail à faire. Nous savons que les investissements dans l'avenir vont vraiment offrir de nouvelles possibilités pour les Canadiens. »