Le ministre des Finances Bill Morneau déposera son prochain budget le mercredi 22 mars. Il s'agira du deuxième plan budgétaire du ministre des Finances depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau.

M. Morneau a confirmé la date du dépôt de son prochain budget à la Chambre des communes mardi après-midi.

Dans son prochain budget, M. Morneau devra composer avec croissance modeste de l'économie canadienne, une menace protectionniste inquiétante au sud de la frontière et un déficit qui devrait friser les 25 milliards de dollars.

Dans son premier budget, M. Morneau avait sorti le chéquier afin d'investir massivement dans les infrastructures au pays au cours de la prochaine décennie. Des investissements importants avaient aussi été annoncés pour améliorer le sort des peuples autochtones, notamment en matière de logement et en matière d'éducation.

Patrons, syndicats et groupes sociaux ont des attentes pressantes

Dans son prochain budget, Bill Morneau doit hausser légèrement l'impôt des entreprises, disent des syndicats. Au contraire, il ne doit surtout pas y toucher dans le contexte actuel, disent des manufacturiers.

Syndicats

Ottawa doit chercher à augmenter ses revenus, a plaidé le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux, au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne quant à ses attentes face au budget fédéral.

Pour y parvenir, il doit intervenir sous trois aspects: les gains en capital, la lutte contre les paradis fiscaux et une augmentation de l'impôt des entreprises: «pas une hausse spectaculaire, mais une hausse légère», a plaidé le numéro deux de la plus grande centrale syndicale du Québec.

M. Cadieux revendique également d'autres améliorations au régime d'assurance-emploi, puisque le ministre Morneau a déjà commencé à en desserrer l'étau.

«Actuellement, c'est 38 % des travailleurs qui perdent leur job qui ont droit à de l'assurance-emploi. On demande d'établir des critères d'admissibilité uniformes partout au Canada, basés sur 360 heures travaillées ou 13 semaines de travail», cite entre autres M. Cadieux.

La FTQ, qui représente les syndiqués des Postes au Québec, aimerait également qu'Ottawa annonce le rétablissement de la livraison à domicile là où elle existait.

La centrale de plus de 600 000 membres souhaite également des investissements dans les infrastructures de transport collectif et liés aux changements climatiques.

Et tant M. Cadieux que Régine Laurent, de la Fédération interprofessionnelle de la santé, et Louise Chabot, de la Centrale des syndicats du Québec, ont dit espérer, en entrevue, qu'Ottawa verse le financement requis par Québec pour le Transfert canadien pour la santé.

«La position actuelle du fédéral est scandaleuse. Les besoins sont en forte hausse. Ce qu'on revendique, c'est le retour à une part de 25 % des coûts (en santé) payés par le fédéral», martèle Mme Chabot Manufacturiers

Non, il ne faut surtout pas hausser l'impôt des entreprises dans le contexte actuel, a rétorqué en entrevue Éric Tétreault, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec.

«Les entreprises nous disent qu'elles sont prêtes à opérer ici au Québec, au Canada, en sachant que leur fiscalité est un peu plus lourde qu'ailleurs, mais jusqu'à un certain plafond», a objecté M. Tétreault. Il incite donc le ministre Morneau à jouer de prudence, dans un contexte où le fardeau fiscal des entreprises pourrait descendre aux États-Unis, avec l'arrivée de Donald Trump.

«On ne s'attend pas nécessairement à une réduction fiscale (au Canada), mais ce qu'on pense, c'est que ce serait une bien mauvaise idée de hausser le fardeau fiscal des entreprises pour renflouer le déficit canadien, à un moment où les États-Unis risqueraient d'être plus concurrentiels», argue M. Tétreault.

Les Manufacturiers et exportateurs voudraient aussi que le gouvernement fédéral s'inspire de Québec et investisse en matière d'innovation et qu'il crée de nouvelles grappes industrielles, notamment en optique et photonique, plaide M. Tétreault.

Social

Du côté du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), les attentes sont grandes en ce qui a trait aux réinvestissements dans le logement social.

Le gouvernement Trudeau prépare une Stratégie canadienne sur le logement, qui doit aborder différents aspects, mais la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, a indiqué en entrevue qu'il fallait plus que de simples énoncés sans budget.

«Le plus urgent, ce n'est pas d'adopter une Stratégie canadienne sur le logement, le plus urgent, c'est de s'assurer qu'on investisse suffisamment pour la construction de nouveaux logements sociaux, d'une part, et d'autre part, pour sauvegarder ceux qui ont été financés par le passé par le gouvernement fédéral et dont les ententes arrivent à échéance», a-t-elle commenté.

Lorsque ces ententes arrivent à échéance, les locataires risquent de se retrouver avec d'importantes hausses de loyer, qu'ils n'ont pas les moyens d'assumer.

Uniquement pour les investissements dans de nouveaux logements sociaux, le FRAPRU estime qu'il faudrait injecter 2 milliards par année pour l'ensemble du Canada. Et à cela, il faut ajouter une somme de 1,7 milliard pour l'entretien et le maintien des logements existants, a noté Mme Laflamme.

- Avec Lia Lévesque, La Presse canadienne