Les trois partenaires de l'ALENA s'assiéront ensemble lorsque commenceront les négociations pour réviser l'accord commercial, a indiqué mardi la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, alors que certains s'inquiétaient de voir le Mexique écarté des discussions.

Mme Freeland a souligné l'importance des relations tripartites entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, dans le contexte où les trois pays se préparent à renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

«Il n'y a pas encore de processus de négociation. En fait, les États-Unis n'ont même pas encore assemblé d'équipe qui pourrait commencer à prendre part à ces négociations, alors ne mettons pas la charrue devant les boeufs», a affirmé la ministre fédérale devant un comité qui comprenait son homologue mexicain, Luis Videgaray, au Conseil canadien pour les Amériques.

«Mais nous reconnaissons très bien que l'ALENA est une entente entre trois pays et que s'il doit y avoir des négociations, il s'agira de négociations à trois voix.»

Certains croient que le Mexique a beaucoup à perdre dans une telle renégociation, compte tenu de la volonté du président américain, Donald Trump, de réduire le déficit commercial américain avec ce pays.

Ces inquiétudes ont pris de l'ampleur la semaine dernière, au terme d'une rencontre avec le premier ministre Justin Trudeau. M. Trump a alors indiqué qu'il ne voulait que «peaufiner» la relation commerciale de son pays avec le Canada, tout en cherchant à obtenir des changements plus importants dans les liens commerciaux américano-mexicains.

Ne pas sacrifier le Mexique

Par ailleurs, lors d'un discours prononcé devant le Conseil canadien pour les Amériques, l'ancien premier ministre canadien Brian Mulroney a dit ne pas croire qu'Ottawa «donnerait en pâture» le Mexique, comme certains le suggèrent.

«Donner quelqu'un en pâture est l'affaire des perdants, pas des gagnants, et le Canada est un gagnant», a estimé M. Mulroney.

M. Mulroney est l'un des architectes de l'ALENA, qui est entré en vigueur en 1994.

Même si les négociations autour d'une modification de l'ALENA pourraient s'avérer corsées, le Canada en ressortira sans conteste avec des liens d'autant plus forts avec les États-Unis et le Mexique, croit M. Mulroney.

«Nous allons nous en sortir en un seul morceau - avec un solide ALENA et une solide relation bilatérale et trilatérale», a-t-il affirmé à Toronto.

Les deux questions les plus difficiles pour le Canada dans d'éventuelles discussions avec les États-Unis seront les dispositions qui gouvernent les règlements de disputes commerciales, ainsi que les règles d'origine, a ajouté M. Mulroney.

M. Trump a qualifié l'ALÉNA de pire entente commerciale jamais négociée par les États-Unis et s'est engagé à la réviser, ou même à tout simplement la résilier, pour lui opposer des mesures protectionnistes.

M. Mulroney, un ami et un voisin de longue date de M. Trump à Palm Beach, en Floride, a estimé que la position du Canada avait «énormément avancé» avec la rencontre survenue la semaine dernière entre Justin Trudeau et le président américain.

«J'ai eu le verdict américain sur la visite de M. Trudeau la semaine dernière, et il a obtenu les meilleures notes», a-t-il expliqué.

Les relations commerciales avec les États-Unis sont primordiales pour le Canada. Plus de 75 pour cent des exportations canadiennes sont destinées à son voisin du sud et les échanges entre les deux pays totalisent chaque jour plus de 2 milliards $.