Les Canadiens n'ont pas à craindre la nouvelle administration américaine dirigée par Donald Trump, estime l'ancien premier ministre Brian Mulroney, qui s'est d'ailleurs entretenu récemment avec le nouvel homme fort de la Maison-Blanche.

Même si Donald Trump a brandi la menace protectionniste à plusieurs reprises durant la campagne présidentielle, M. Mulroney ne croit pas que le nouveau président des États-Unis ait un préjugé défavorable envers le Canada.

L'ancien premier ministre, qui connaît M. Trump depuis une vingtaine d'années et qu'il a décrit comme un « gentleman », a d'ailleurs encouragé le président désigné à accorder une place importante aux relations canado-américaines dans sa politique étrangère durant leur récente conversation.

Durant la campagne présidentielle, M. Trump a affirmé à plusieurs reprises que l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) constituait le pire accord commercial jamais signé par Washington. Il a promis de renégocier cet accord à l'avantage des États-Unis, à défaut de quoi il était prêt à le déchirer.

M. Mulroney était de passage à l'ambassade de la France à Ottawa, hier soir, afin de recevoir les insignes de Commandeur dans l'ordre national de la Légion d'honneur - une prestigieuse distinction que lui a accordée le président français François Hollande pour souligner son « engagement indéfectible pour le développement des relations entre la France et le Canada, ainsi que pour le rayonnement de la francophonie internationale ».

« IL NE PARLAIT PAS DU CANADA »

Avant la cérémonie, à laquelle ont assisté une centaine de personnes, dont plusieurs anciens proches collaborateurs de M. Mulroney, le premier ministre Justin Trudeau, la leader intérimaire du Parti conservateur Rona Ambrose et même l'ancien chef du Parti québécois Pierre Karl Péladeau, l'ex-premier ministre a répondu aux questions des journalistes.

« Je pense que lorsque M. Trump, durant la campagne électorale, donnait des coups de Jarnac à l'ALENA, j'ai toujours pensé qu'il s'agissait d'une attaque généralisée contre le problème que soulève pour lui le Mexique. Il ne parlait pas du Canada », a affirmé M. Mulroney.

« Quand il a parlé de choses comme le mur, l'immigration, la drogue, etc., il ne parlait pas de Saint-Tite-des-Caps. Il parlait d'un problème majeur qui existe entre leurs deux pays. » - Brian Mulroney, ancien premier ministre du Canada

« Maintenant, l'ALENA dure depuis 25 ans. Et c'est tout à fait normal que cela soit revu et peut-être, à certains égards, renégocié. Quand j'ai négocié le traité de libre-échange avec les États-Unis, et l'ALENA, il n'y avait pas d'internet. Il y a des choses qui ont changé depuis ce temps. Alors c'est normal que les parties veuillent se rencontrer pour renégocier certains aspects », a-t-il ajouté.

DES RELATIONS « AVANTAGEUSES »

Selon M. Mulroney, Donald Trump va se rendre compte tôt ou tard que les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis sont avantageuses pour les deux pays. « Cette année, il y aura 900 milliards d'échanges commerciaux entre les deux pays, le plus grand échange entre deux pays dans l'histoire du monde. Les Américains peuvent examiner cela comme ils le veulent. Mais ils vont trouver que tout cela est également à leur avantage », a-t-il soumis.

M. Mulroney, qui a connu deux présidents - Ronald Reagan et George H. Bush - durant ses neuf années au pouvoir, a affirmé que les relations personnelles entre le premier ministre canadien et le président américains donnent souvent le ton aux relations entre les deux pays. Il a souligné que l'amitié qu'il a entretenue avec MM. Reagan et Bush a permis au Canada de conclure des accords importants avec les États-Unis sur le libre-échange et les pluies acides, par exemple. 

Il ne doute pas que Justin Trudeau, qui a déjà fait sa marque sur la scène internationale en un an de pouvoir, saura tisser des liens étroits avec le nouveau président. Toutefois, M. Mulroney affirme que le gouvernement Trudeau devra être « vigilant et prudent » en renégociant l'ALENA.

CE QUE BRIAN MULRONEY A DIT:

« J'ai toujours dit que nous sommes chanceux d'avoir les États-Unis comme voisins. Mais les États-Unis sont très, très chanceux d'avoir le Canada comme voisin. Je pense qu'ils comprennent cela. »

« Je le connais depuis au-delà de 20 ans. Pour moi, ç'a toujours été un gentleman. Il est père de cinq enfants. Il n'y en a pas un d'entre eux qui fume, qui boit, qui prend de la drogue. Ce sont des enfants merveilleux. Pour moi, si quelqu'un est en mesure de faire 10 milliards et d'élever cinq enfants comme cela, il y a du bien. »