Les récentes politiques du gouvernement fédéral conviennent mieux pour remédier aux risques associés à la dette des ménages et au marché de l'habitation que les variations apportées aux taux d'intérêt de la Banque du Canada, a estimé mardi le gouverneur de la banque centrale.
Dans un discours prononcé devant le Business Council of British Columbia, Stephen Poloz a fait valoir que l'ajustement des taux d'intérêt était «un outil très peu nuancé» qui entraîne des effets «généralisés».
«Nous estimons que (les) politiques, dites macroprudentielles, sont les mieux à même de contrer les menaces pesant sur la stabilité financière, car elles peuvent être conçues de manière à cibler des vulnérabilités financières précises», a fait valoir M. Poloz, dans le texte préparé de son discours.
«Étant donné tout ce qui a été fait pour renforcer le système financier international ces dernières années, il est encore plus logique de séparer la politique monétaire des efforts visant à stabiliser le système financier.»
Le niveau de la dette des ménages a atteint ces dernières années des niveaux records et les marchés du logement ont prospéré, soutenus par la faiblesse des taux d'intérêt, qui ont permis aux consommateurs d'emprunter à faibles coûts.
La banque n'ignore pas les problèmes de stabilité financière, a indiqué M. Poloz, tout en suggérant qu'elle a assez de flexibilité pour s'attaquer à l'incertitude.
«Nous reconnaissons que les perspectives de l'inflation sont toujours entachées d'incertitude et que les évolutions du système financier sont source d'incertitude pour la stabilité financière», a-t-il affirmé.
«Ces incertitudes génèrent une zone à l'intérieur de laquelle nous pouvons tolérer des variations dans les risques entourant les perspectives de l'inflation ou les risques pour la stabilité financière.»
La Banque du Canada se réfère à sa cible pour l'inflation lorsqu'elle décide de sa politique monétaire et qu'elle fixe son taux de financement à un jour.
La banque centrale et le gouvernement fédéral ont renouvelé la semaine dernière leur entente sur la cible de l'inflation. La cible a été maintenue à deux pour cent - soit le point moyen de la fourchette comprise entre un pour cent et trois pour cent, que la Banque du Canada juge raisonnable.
La banque centrale a cependant indiqué qu'elle changerait sa façon d'évaluer l'inflation de base, qu'elle observe pour juger des tendances sous-jacentes de l'inflation. Elle aura recours désormais à trois différentes façons de mesurer l'inflation fondamentale, plutôt qu'à une seule.
Puisque le régime de cible de l'inflation découle d'une entente entre le gouvernement fédéral et la banque centrale, il y a, de la part du gouvernement, un engagement explicite à tenter de faire en sorte que l'inflation soit faible, stable et prévisible.
«Par conséquent, l'entente implique que toutes les politiques économiques - y compris monétaire, budgétaire et macroprudentielle - peuvent fonctionner en complémentarité», a-t-il affirmé.
Le recours de la banque centrale à la cible de l'inflation a bien servi l'économie jusqu'à maintenant, estime M. Poloz, mais l'institution est à la recherche de façons de l'améliorer.
«Nous chercherons de nouvelles façons de nouer le dialogue avec les Canadiens à propos de notre régime», a-t-il ajouté.
Le Canada a commencé à utiliser une cible pour l'inflation pour le guider dans sa politique monétaire en 1991. Cette cible est à deux pour cent depuis 1995.