Alors que les taux d'intérêt demeurent à des niveaux historiquement bas, le gouvernement Trudeau compte appuyer sur l'accélérateur pour soutenir la croissance de l'économie canadienne en injectant 81 milliards de dollars supplémentaires dans le transport en commun, dans les infrastructures vertes et dans les corridors de transport essentiels au commerce au cours des 11 prochaines années.

Dans sa mise à jour économique et financière, mardi, à la Chambre des communes, le ministre des Finances Bill Morneau a aussi confirmé la création de la Banque de l'infrastructure du Canada en 2017, laquelle aura comme mandat d'investir dans les grands projets d'infrastructures en attirant les milliards de dollars de capitaux que détiennent les investisseurs institutionnels comme les caisses de retraite.

Il a aussi estimé que le déficit de 2016-2017 s'établira 25,1 milliards, soit 4,4 milliards de moins que ce qu'il avait prévu dans son budget de mars. Le déficit devrait être aussi moins élevé d'environ un milliard l'an prochain (27,8 milliards), mais il devrait être trois milliards de plus en 2018-2019 (19,3 milliards). Le retour à l'équilibre budgétaire n'est pas prévu dans les cinq prochaines années.

La nouvelle Banque d'infrastructure sera dotée d'une capitalisation initiale de 35 milliards de dollars, dont 15 milliards proviendront des volets annoncés par le gouvernement Trudeau pour le transport en commun, l'infrastructure verte, l'infrastructure sociale, le commerce et le transport ainsi que les collectivités rurales et nordiques.

Les mandarins du ministère des Finances croient que l'effet levier permettra d'attirer 4 dollars des investisseurs institutionnels pour chaque dollar investi par le gouvernement fédéral.

« Cette banque nous permettra de créer des milliers d'emplois, de faire réaliser un plus grand nombre de projets et d'attirer autant que 4$ à 5 $ de capital privé pour chaque dollar d'impôt investi. C'est ça le progrès », a déclaré le ministre Bill Morneau durant son discours à la Chambre des communes.

« La nouvelle banque de l'infrastructure nous permettra de nous doter d'un inventaire de projets avec lequel nous pourrons appuyer nos décisions d'investissements à long terme. Bref, la banque changera notre façon de planifier, de financer et d'opérationnaliser les grands projets d'infrastructure au pays », a ajouté le grand argentier du pays.

Le nouveau train électrique de 5,5 milliards de dollars - un dossier que pilote la Caisse de dépôt et placement du Québec à Montréal - pourrait être un projet dans lequel la nouvelle banque pourrait investir si le gouvernement Trudeau réussit à adopter les mesures législatives nécessaires à temps pour respecter les délais de la caisse, ont indiqué des hauts fonctionnaires du ministère des Finances.

Si cela s'avère impossible, le gouvernement Trudeau utilisera d'autres moyens financiers, notamment en puisant dans la somme de 25,3 milliards de dollars pour le transport en commun pour les 11 prochaines années, pour confirmer la participation fédérale dans ce projet, a-t-on indiqué.

En tenant compte des programmes d'infrastructures existants (91 milliards), des investissements annoncés dans le premier budget du ministre Morneau au mars (14 milliards) et des investissements supplémentaires inclus dans la mise à jour économique et financière de mardi (81 milliards), le gouvernement fédéral calcul que les investissements totaux dans les infrastructures au pays s'élèveront à 180 milliards de dollars entre 2016 et 2028.

Le ministre Morneau a indiqué qu'il donnera davantage de détails sur les nouveaux investissements qu'Ottawa compte faire dans son prochain budget, prévu au début de 2017.

Par ailleurs, le ministre Morneau souhaite attirer davantage les investissements étrangers au pays en créant un nouvel organisme fédéral, Investir au Canada, qui aura un budget de 218 millions de dollars sur cinq ans pour courtiser les investisseurs étrangers. Ce nouvel organisme devrait voir le jour en 2017. En outre, le ministre Morneau a indiqué que le seuil d'examen en vertu de la Loi sur Investissement Canada sera rehaussé à un milliard de dollars dès 2017, soit deux ans plus tôt. Actuellement, ce seuil est de 600 millions et devait passer à 800 millions l'an prochain.

Enfin, le gouvernement Trudeau se donne comme objectif de traiter dans un délai de deux semaines les visas et les permis de travail afin d'attirer les immigrants économiques. Ce coup de barre permettra aux entreprises de recruter plus facilement les travailleurs spécialisés dont elles en besoin pour les postes qui ne peuvent être pourvus par des travailleurs canadiens.

« Dans trop de cas, la longueur des délais de traitement des permis de travail fait en sorte qu'il est difficile, pour les entreprises canadiennes, d'attirer les personnes talentueuses dont elles ont besoin pour connaître du succès », peut-on lire dans la mise à jour économique et financière.  

LE DIRECTEUR PARLEMENTAIRE DU BUDGET DEVIENDRA UN AGENT DU PARLEMENT

Le gouvernement Trudeau entend remplir sa promesse électorale de faire du directeur parlementaire du budget un agent du Parlement. Ce faisant, le directeur parlementaire rendra des comptes directement au Parlement et il aurait ainsi un plus grand accès aux renseignements pertinents que détiennent les ministères et les sociétés d'État pour établir les coûts et des analyses de certains programmes. En outre, le directeur parlementaire aura aussi le pouvoir d'évaluer les coûts des promesses électorales des partis politiques, à leur demande, de sorte que les Canadiens puissent obtenir une évaluation non partisane des plans budgétaires des partis politiques qui aspirent à diriger le pays.