Une plus faible inflation que prévu et un recul des ventes au détail ont alimenté vendredi la spéculation entourant une éventuelle baisse de taux d'intérêt de la Banque du Canada.

Même si des économistes estiment qu'il en faudra beaucoup pour convaincre la banque centrale d'agir de la sorte, les données économiques n'ont pas permis de calmer le jeu. Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a indiqué, plus tôt cette semaine, que la possibilité de réduire le taux directeur avait été discutée par le conseil de gouvernance de la banque.

Selon l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, la faiblesse des données économiques pourrait continuer d'alimenter l'idée voulant que la banque centrale puisse réduire les taux dans les six prochains mois.

«Je crois que nous allons surveiller les ventes de maisons dans les trois ou quatre prochains mois, ainsi que ce qui va arriver aux exportations pendant quelques mois. Je crois que ces éléments sont vraiment la clé», a affirmé M. Porter.

La Banque du Canada a révisé à la baisse ses prévisions économiques dans son rapport sur la politique monétaire de l'automne, dévoilé cette semaine. Elle a dit s'attendre à un ralentissement du marché immobilier, tout en soulignant que les perspectives n'étaient pas très bonnes pour les exportations.

La banque centrale mise maintenant sur une croissance économique de 1,1 % pour l'année 2016, alors qu'elle disait attendre une croissance de 1,3 % en juillet. Sa prévision pour 2017 a aussi été revue à la baisse, à 2,0 %, par rapport à 2,2 % en juillet.

L'indice des prix à la consommation a grimpé de 1,3 % en septembre par rapport à l'an dernier, a indiqué vendredi Statistique Canada. L'inflation annuelle avait été de 1,1 % en août.

Les économistes visaient en moyenne une inflation de 1,5 % en septembre, selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters.

Selon l'économiste Nick Exarhos, de la Banque CIBC, la faible inflation devrait laisser à la Banque du Canada la latitude nécessaire pour opérer une baisse des taux si l'économie devait s'affaiblir davantage.

«La plus récente série de données sur l'économie canadienne donne aux investisseurs une raison de rester prudents vis-à-vis des perspectives canadiennes», a écrit M. Exarhos dans un rapport.

L'inflation de base de la Banque du Canada, qui exclut certains des éléments dont les prix sont plus volatils, s'est établie à 1,8 % par rapport à l'an dernier. Ce taux était le même que celui observé en août, et conforme aux attentes des économistes.

Les prix ont grimpé dans chacun des huit composantes principales étudiées par Statistique Canada. Les groupes du logement et du transport ont apporté les plus importantes contributions à la croissance d'ensemble.

L'indice des prix des transports a gagné 2,3 % par rapport à l'an dernier, tandis que celui du logement a pris 1,7 %.

Les prix des aliments ont avancé de 0,1 %, ce qui représentait la plus faible augmentation de ce secteur depuis février 2000. Les prix des aliments achetés en magasin ont affiché leur premier déclin annuel depuis mars 2008, avec un recul de 0,9 %. Les aliments achetés dans un restaurant ont vu leurs prix grimper de 2,5 %.

Statistique Canada a aussi dévoilé vendredi ses plus récentes données sur les ventes au détail. Ces dernières ont reculé de 0,1 % en août, pour totaliser 44,0 milliards, ce que l'agence fédérale a attribué à une diminution des ventes des concessionnaires de véhicules automobiles et de leurs pièces, ainsi que celles des magasins de marchandises diverses.

Les ventes ont diminué dans sept des 11 sous-secteurs, représentant 57 % du commerce de détail.

Les ventes de véhicules et de pièces automobiles ont diminué de 0,5 % en septembre, en raison d'un recul de 1,1 % des ventes chez les concessionnaires, et d'un autre de 0,6 % chez les vendeurs de véhicules d'occasion. Les magasins de marchandises diverses ont vu leurs ventes céder 0,9 %.

Les ventes au détail ont diminué dans six provinces en août, le recul le plus important en dollars ayant été celui de l'Ontario, à 0,7 %.

Au Québec, les ventes au détail étaient presque inchangées en août.