Le Québec déploie beaucoup d'efforts pour attirer les investissements de la Chine, et les résultats commencent lentement à se manifester. Mais dans certains secteurs, comme l'agriculture, la méfiance est toujours de mise. Retour sur quelques expériences récentes.

Une histoire de ressources

Jusqu'à maintenant, l'intérêt de la Chine pour le Québec est une affaire de ressources naturelles. Investissement Québec a recensé une vingtaine d'entreprises chinoises qui ont investi un total de 2 milliards de dollars sur le territoire québécois. C'est le secteur minier qui a reçu la plus large part de cet argent, notamment avec le rachat de Canadian Royalties par Jilin Jien Nickel au Nunavik. Cette transaction a suscité des remous quand le président de Canadian Royalties a intenté une poursuite contre les nouveaux propriétaires chinois qui l'ont rapidement et abruptement congédié.

Pas de terres agricoles

Même si, périodiquement, des histoires de riches investisseurs chinois qui se retrouvent dans la campagne québécoise pour acheter des terres agricoles font surface, rien de ça ne s'est produit, selon Patrice Juneau, de l'Union des producteurs agricoles (UPA). En réalité, la loi québécoise protège les terres agricoles contre le problème de l'accaparement des terres que les Chinois ont contribué à créer un peu partout sur la planète pour assurer leur approvisionnement alimentaire. Et ce type d'investisseurs n'est pas le bienvenu ici. « On ne veut pas le genre d'investisseurs étrangers qui achètent des milliers et des milliers d'hectares », dit le porte-parole de l'UPA.

Pas d'investissement suspect

Maple Armor, une entreprise chinoise de fabrication de systèmes d'alarme d'incendie, a été empêchée de s'établir sur le site qu'elle avait choisi à Saint-Bruno par le gouvernement canadien, qui le trouvait trop près de l'Agence spatiale canadienne et de ses secrets industriels. Beida Jade Bird, l'entreprise chinoise derrière Maple Armor, n'a pas gardé de rancune pour avoir été ainsi soupçonnée. Elle construit actuellement son usine de 30 millions à Brossard, sur des terrains qu'Investissement Québec l'a aidée à trouver.

Trop gros

Un projet de centre commercial piloté par des investisseurs chinois qui auraient installé un village d'un millier d'immigrants entrepreneurs chinois au Québec a fait quelques tours de piste avant d'être abandonné. Les villes de Vaudreuil, Laval et Varennes avaient été pressenties pour accueillir ce projet de 60 millions prévoyant la construction de deux bâtiments de 500 000 pieds carrés pour vendre des produits faits en Chine aux détaillants québécois.

Après Vancouver et Toronto

Investir à Montréal n'est pas le premier réflexe d'un investisseur chinois, qui connaît mieux Vancouver et Toronto, reconnaît Stéphane Paquet, vice-président de Montréal International. Mais de plus en plus, la créativité de Montréal attire leur attention, selon lui. Il donne l'exemple du Groupe Fosun, le plus important fonds d'investissement privé de Chine, qui est devenu actionnaire du Cirque du Soleil, et de Gold-Finance Canada, un autre fonds d'investissement et producteur de cinéma chinois qui s'est établi à Montréal et a investi dans D-Box, l'entreprise qui conçoit et fabrique des systèmes de divertissement.

En chiffres

Entre 2009 et 2013, les investissements chinois au Canada ont beaucoup augmenté, surtout en raison de l'intérêt de la Chine pour le pétrole canadien.

Investissements chinois au Canada

• 2009 : 12,2 milliards

• 2010 : 12,1 milliards

• 2011 : 15,4 milliards

• 2012 : 16,4 milliards

• 2013 : 16,7 milliards

Source: Gouvernement du Canada