Le Fonds monétaire international a réduit mardi ses prévisions de croissance pour l'économie canadienne en 2016 et 2017, ce qu'il a notamment expliqué par le fait que l'économie américaine était plus faible qu'elle l'avait prévu plus tôt cette année.

Le FMI estime dorénavant que le produit intérieur brut (PIB) du Canada progressera de 1,2 % cette année et de 1,9 % l'an prochain.

Ces deux estimations sont inférieures de 0,2 point de pourcentage aux perspectives émises par le FMI en juillet.

Entre autres choses, l'organisation juge que le Canada ressent les contrecoups de la faiblesse inattendue aux États-Unis - la plus grande économie au monde et un important marché pour les biens et services canadiens.

Prévisions abaissées aux États-Unis

(WASHINGTON) - Le Fonds monétaire international a abaissé mardi ses prévisions de croissance de l'économie américaine pour cette année en raison d'investissements des entreprises nettement plus modestes que ce qui était anticipé.

Le FMI prédit maintenant que l'économie américaine s'améliorera de seulement 1,6% en 2016, comparativement à la croissance de 2,2% prédite en juillet. La croissance de l'économie américaine s'est chiffrée à 2,6% en 2015.

Le FMI revoit ses prévisions à la baisse au moment où la Réserve fédérale des États-Unis s'apprête possiblement à rehausser les taux d'intérêt en décembre.

Photo archives Reuters

Zone euro: croissance modérée en 2016, au ralenti en 2017

(BRUXELLES) - La croissance de la zone euro devrait rester modérée en 2016, puis ralentir en 2017, malgré une très légère inflation, celle-ci restant encore bien éloignée des objectifs de la Banque centrale européenne, selon les prévisions du Fonds monétaire international publiées mardi.

Dans son rapport sur l'économie mondiale, le FMI réévalue légèrement à la hausse sa prévision de croissance pour 2016, qui devrait s'élever à 1,7%, contre une estimation de 1,6% en juillet.

La croissance devrait ensuite ralentir à 1,5% en 2017, contre 1,4% prévu en juillet.

«Un pétrole bon marché, une expansion budgétaire modérée en 2016 et une politique monétaire accommodante soutiendront la croissance», estime le FMI.

Mais «une baisse de la confiance des investisseurs en raison de l'incertitude liée au vote en faveur du Brexit va peser sur l'activité», ajoute-t-il.

L'inflation a repris en 2016, observe par ailleurs le FMI, qui l'évalue à +0,3% en 2016, contre un taux quasi nul en 2015.

Cette hausse devrait se poursuivre de manière progressive, mais le taux d'inflation restera «inférieur à l'objectif (de 2%) fixé par la Banque centrale européenne jusqu'en 2021», écrit le FMI, qui invite la BCE à poursuivre sa politique.

À moyen terme, la croissance de la zone euro pourrait être handicapée par «une démographie défavorable», la dette, le taux de chômage et dans certains cas le secteur bancaire détérioré hérités de la crise, ainsi que par «des contraintes structurelles profondément enracinées», énumère l'institution internationale.

La plupart des 19 pays de la zone euro devraient enregistrer un ralentissement de leur croissance en 2017, selon le FMI, qui table par exemple pour l'Allemagne sur un taux de croissance de 1,7% en 2016 et 1,4% en 2017.

La France devrait conserver en 2016 et en 2017 le taux de croissance de 1,3% qui était le sien en 2015.

L'Espagne gardera une croissance élevée en 2017, à 2,2%, mais moins importante qu'en 2016 (3,1%).

Enfin, la Grèce devrait renouer avec la croissance en 2016 (+0,1%) et surtout 2017 (+2,8%).

- Agence France-Presse

PHOTO ARCHIVES AP

Dans son rapport sur l'économie mondiale, le FMI réévalue légèrement à la hausse sa prévision de croissance pour 2016, qui devrait s'élever à 1,7%, contre une estimation de 1,6% en juillet. La croissance devrait ensuite ralentir à 1,5% en 2017, contre 1,4% prévu en juillet.

Les pays émergents plombés par la Chine

(Ludovic EHRET, PÉKIN) - Les pays émergents restent les moteurs de la croissance mondiale mais affrontent nombre de difficultés, du ralentissement économique chinois à la faiblesse des cours des matières premières, en passant par les tensions politiques, avertit mardi le FMI.

Le Fonds monétaire international souligne par ailleurs les situations très contrastées de ces pays, l'Inde affichant une éclatante croissance à plus de 7%, tandis que Brésil et Russie restent en récession.

Les nations en développement sont malmenées depuis la crise financière, plombées par d'énormes dettes et par l'essoufflement des économies occidentales. Mais elles ont bénéficié «d'une période de calme relatif ces derniers mois» après les turbulences mondiales suscitées en début d'année par les inquiétudes sur l'économie chinoise, note le FMI en dévoilant ses nouvelles projections.

Le Fonds relève ainsi sa prévision de croissance pour les pays émergents et en développement à 4,2% pour 2016 (+0,1 point par rapport aux chiffres de juillet), notant qu'ils contribueront aux trois quarts de la progression du PIB planétaire.

Cependant, «les perspectives de ces pays sont inégales et généralement plus maussades que par le passé», souligne l'institution.

Le FMI pointe notamment le ralentissement chinois, «dont les retombées sont amplifiées par le recours moindre de la Chine» aux importations pour ses investissements.

L'institution cite également «les répercussions de la faiblesse persistante de la demande des pays avancés» et «des conflits intérieurs, des discordes politiques et des tensions géopolitiques».

L'influence de la Chine

La Chine, moteur de la croissance mondiale, est engagée dans un rééquilibrage économique pour doper la consommation intérieure et réduire sa dépendance aux investissements et aux exportations.

Mais la transition s'avère douloureuse, sa croissance étant tombée à son plus bas niveau depuis un quart de siècle en 2015 (+6,9%), et les indicateurs majeurs affichant des niveaux décevants.

Le FMI table sur une hausse du PIB de 6,6% pour 2016 (au même niveau que les prévisions de juillet) avec une poursuite de la décélération en 2017, à 6,2%.

«L'ajustement de l'économie chinoise à une croissance plus faible et les perspectives moroses des prix des produits de base restent des forces puissantes qui déterminent les perspectives de bon nombre» des pays émergents, note le Fonds.

«Ces deux reconfigurations de grande ampleur ont pesé sur l'environnement opérationnel des entreprises des pays émergents et des pays en développement, dont bon nombre sont confrontés à un endettement élevé après l'envolée du crédit observée pendant la période 2002-12.»

Les prix des matières premières sont tirés vers le bas par le ralentissement économique chinois, privant les pays qui les exportent de ressources cruciales et de relais de croissance.

Stabilisation pour Brésil et Russie

Du côté des grands pays émergents, le Brésil, où l'ex-présidente Dilma Rousseff a été destituée en août, affiche une perspective économique moins mauvaise, note le Fonds.

«L'activité semble être proche de son niveau le plus bas, car les effets des chocs (baisse des cours des produits de base, ajustement des prix administrés en 2015 et incertitude politique) se dissipent.»

Si l'économie brésilienne restera en récession en 2016 (-3,3%), elle devrait ainsi retrouver la croissance en 2017 (+0,5%), prévoit le FMI.

La Russie, sous le coup des sanctions liées à la crise ukrainienne et de la chute des cours du pétrole, «semble se stabiliser», mais restera également en récession en 2016 (-0,8%), avant de reprendre le chemin de la croissance en 2017 (+1,1%).

«La hausse des recettes tirées des exportations de pétrole soulage quelque peu les pays exportateurs (...) et l'économie russe en particulier», souligne le Fonds.

Loin de ces inquiétudes, l'Inde, championne de la croissance parmi les émergents, devrait connaître une croissance de 7,6% en 2016 et 2017 -- +0,2 point par rapport aux prévisions de juillet, note le FMI.

La croissance reste également solide dans un groupe de cinq nations d'Asie du Sud-est (Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Vietnam), crédité d'une prévision de 4,8% pour 2016.

L'Afrique sub-saharienne verra sa croissance fortement ralentir à 1,4% en 2016 (contre 3,4% en 2015), le Nigeria pâtissant de pénuries de devises, de troubles dans le delta du Niger et de pannes d'électricité, précise le Fonds.

L'Afrique du Sud conserve une activité «stagnante» selon le FMI, qui y prévoit une croissance de 0,1% en 2016, inchangée par rapport aux estimations précédentes.

- Agence France-Presse

photo fred dufour, archives agence france-presse

La Chine, moteur de la croissance mondiale, est engagée dans un rééquilibrage économique pour doper la consommation intérieure et réduire sa dépendance aux investissements et aux exportations.