Statistique Canada se tourne vers de nouveaux outils numériques et de nouvelles données afin d'éviter qu'un des indicateurs économiques les plus importants du pays ne voie sa précision et sa pertinence s'effriter.

Des hauts responsables de l'agence fédérale ont été avertis en novembre 2015 de la situation et des solutions qui pourraient être mises en oeuvre pour améliorer la collecte des données utilisées pour calculer l'indice des prix à la consommation.

Pour s'attaquer au problème, l'agence récolte des prix auprès de détaillants en ligne par l'entremise d'un procédé automatisé. Elle se tournera en outre vers les grands détaillants pour l'information sur les transactions aux points de vente pour obtenir un portrait plus précis de ce que les Canadiens achètent.

L'agence tente aussi d'obtenir un meilleur accès aux prix de l'énergie et des propriétés résidentielles, et voudrait créer un indice visant plus précisément les personnes âgées pour mieux témoigner des habitudes de consommation et des problèmes propres à cette catégorie de Canadiens.

L'indice mensuel des prix à la consommation (IPC), qui suit l'inflation, est surveillé de près par les gouvernements, qui l'utilisent pour prendre des décisions de fiscalité, ainsi que par la Banque du Canada pour orienter sa politique monétaire.

Cependant, les changements rapides dans la technologie et les habitudes des consommateurs menacent de rendre désuète la façon dont Statistique Canada calcule son indice, dont la plus récente version est attendue vendredi.

«Actuellement, la façon dont nous recueillons les prix pour l'IPC est, essentiellement, en visitant les magasins», a expliqué le directeur de la division des prix à la consommation chez Statistique Canada, Richard Evans.

«Certaines données sont recueillies à l'aide d'internet. Nous achetons de grandes banques de données qui nous donnent un plein éventail des transactions pour certaines composantes, mais si nous généralisons, la plus grande partie de l'IPC est toujours créée à l'aide des prix récoltés dans les magasins.»

M. Evans a indiqué à ses supérieurs, à la fin de l'an dernier, qu'à moins d'apporter des changements aux programmes, l'indice «risquait de prendre du retard en ce qui a trait à sa précision et sa pertinence», selon des documents obtenus par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Malgré tout, M. Evans juge que l'indice reste précis et que les méthodes utilisées pour le calculer sont conformes, ou même supérieures, aux normes. Il n'aimerait cependant pas que l'agence finisse par être complaisante avec cet indicateur.

«Une des tâches reliées à mon emploi est de toujours m'inquiéter de ce qui s'en vient et de ce qui pourrait éventuellement rendre l'IPC insignifiant, ou moins pertinent. Tous les gestionnaires font cela», a affirmé M. Evans.