La ministre fédérale MaryAnn Mihychuk estime que les petites entreprises ne souffriront pas des nouvelles règles proposées par Ottawa afin d'assouplir l'organisation du travail dans les secteurs sous réglementation fédérale.

La ministre du Travail précise que les petites et moyennes entreprises (PME) auront toujours le loisir de refuser des demandes d'accommodements, afin d'assurer la bonne marche de leurs affaires. «Certaines petites entreprises craignent que (ces nouvelles règles) ne deviennent un fardeau pour elles», a indiqué Mme Mihychuk en marge de la réunion du cabinet, mardi à Ottawa. La ministre promet cependant que les PME «auront le droit de dire non», et assure que son gouvernement «souhaite leur succès».

Par contre, ces PME risquent, selon elle, de perdre des employés si elles refusent par exemple des accommodements sur les horaires. Elle cite le cas d'Autochtones, qui peuvent vouloir s'absenter du travail afin de participer à des activités traditionnelles comme la chasse ou la pêche.

La ministre Mihychuk a rencontré ses homologues des provinces la semaine dernière afin de discuter des propositions du gouvernement libéral, qui «s'est engagé à offrir aux employés le droit de demander des régimes de travail flexibles et à accroître la portée des congés parentaux et des congés de soignant».

Ottawa songe à permettre aux quelque 883 000 employés d'entreprises de secteurs sous réglementation fédérale (banques, transports, télécoms) - environ 6 % de la main-d'oeuvre canadienne - de pouvoir choisir, par exemple, de travailler de la maison, de modifier leurs horaires ou de prendre un congé afin de s'occuper d'un proche.

Dans un «document de discussion» publié le mois dernier sur le site du ministère de l'Emploi et du Développement social, on indique que «de plus en plus de Canadiens éprouvent de la difficulté à trouver le juste équilibre entre leurs responsabilités professionnelles, familiales et personnelles», et que la «génération du millénaire» a des attentes bien différentes à l'égard du travail.

À la demande de la ministre Mihychuk, cette nouvelle mouture du document de discussion évoque aussi la situation particulière des travailleurs autochtones, dont le nombre pourrait augmenter de 400 000 au cours des 10 prochaines années. Le document invite aussi la réflexion sur des mesures visant à surveiller la mise en oeuvre réelle des mesures d'assouplissement des conditions de travail.

Voici quelques chiffres contenus dans le document de discussion d'Emploi et Développement social Canada:

11 450 : nombre d'employeurs dans les secteurs sous réglementation fédérale;

58 : pourcentage de travailleurs canadiens qui se disent «débordés», selon un sondage de l'Association canadienne pour la santé mentale;

36 : pourcentage de travailleurs canadiens qui bénéficiaient en 2012 d'un horaire flexible pour s'occuper d'un proche, selon une enquête de Statistique Canada;

16 : pourcentage de femmes qui ont révélé à Statistique Canada en 2015 qu'elles travaillaient à temps partiel pour s'occuper d'un enfant ou pour des responsabilités familiales;

3 : pourcentage d'hommes dans la même situation;

60 : pourcentage d'employeurs de secteurs sous réglementation fédérale qui ont déclaré, dans une enquête de 2008, ne pas avoir accordé de congé de deuil pour le décès d'un membre de la famille immédiate (enfant, père, mère, frère, soeur).

Source: Emploi et Développement social Canada, document de discussion «Conditions de travail souples»