La majorité des entreprises sondées dans le cadre d'une récente enquête de la Banque du Canada disent avoir profité d'avantages tangibles depuis que le cours du pétrole a commencé à faire chuter la valeur du dollar canadien, a indiqué vendredi la banque centrale.

Dans son enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises, la Banque du Canada a révélé que dans la plupart des cas, la faiblesse du dollar avait aidé les exportateurs comme les fabricants à gonfler leurs marges lorsqu'ils vendent leurs produits à l'étranger.

Certaines compagnies ont observé un ralentissement de la concurrence de la part de leurs rivaux américains, tandis que d'autres ont profité d'une hausse des activités de tourisme au Canada.

Néanmoins, l'affaiblissement de la devise exerce beaucoup de pressions sur la structure de coûts de nombreuses entreprises dont les prix des intrants ainsi que des machines et du matériel sont libellés, pour une bonne part, en dollars américains.

L'enquête, réalisée auprès d'environ 100 entreprises canadiennes, met en lumière certaines des conséquences du recul de la devise qui se sont manifestées depuis que l'économie a commencé à s'ajuster au plongeon des prix du pétrole.

Cette dégringolade, qui a débuté à la mi-2014, a fortement ébranlé le secteur énergétique du pays et a imposé un recul marqué au huard.

À partir de ses entrevues, la banque centrale a noté que même si les effets de la chute du pétrole semblaient se stabiliser, les sociétés liées au secteur de l'énergie devaient toujours composer avec un contexte difficile.

« Les entreprises affichent encore des perspectives nettement divergentes selon leur lien avec le secteur des produits de base et leur exposition à la demande étrangère », a écrit la banque centrale dans son rapport.

« Les attentes concernant la croissance future des ventes restent optimistes, la demande américaine les confortant visiblement. Les perspectives entourant les ventes au pays sont toutefois prudentes en raison de l'atonie de la demande et des ajustements en cours face à la baisse des prix du pétrole. »

Plusieurs des entreprises interrogées ont considéré que la faiblesse soutenue des prix du pétrole était un élément très négatif pour leurs perspectives, particulièrement les entreprises du secteur de l'énergie et les sociétés qui y sont liées de près, comme les fabricants d'équipements.

Selon les résultats de l'enquête, les intentions d'investissement et d'embauche des entreprises ont augmenté depuis le sondage de janvier, mais elles restent modestes. Une fois de plus, a précisé la banque, de fortes divergences sont observées dans les opinions, tout dépendant du lien des entreprises avec l'industrie de l'énergie.

Les résultats mettent aussi en évidence le fait que les mises à pied et les gels d'embauche sont « excessivement élevés » chez les répondants des Prairies.

En général, la Banque du Canada a jugé que la confiance des entreprises s'était « améliorée », mais qu'elle restait « faible dans l'ensemble » depuis janvier.

Selon le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, la chute des prix du pétrole a eu des conséquences « clairement négatives » sur les exportations de pétrole brut du pays. Le cours de l'or noir est inférieur d'environ 60 % à son sommet de juin 2014.

Cette situation a plongé le Canada dans une récession technique l'an dernier, après que l'économie se soit contractée pendant les deux premiers trimestres de 2015. En conséquence, M. Poloz a choisi d'abaisser le taux d'intérêt directeur de la banque centrale à deux reprises.

Les prix du pétrole ont aussi lourdement pesé sur l'économie de l'Alberta, qui est aussi entrée en récession, tandis que de nombreuses mises à pied ont eu lieu dans le secteur et les industries de l'énergie, ainsi que dans leur chaîne logistique.

Le dollar canadien a largement suivi la trajectoire à la baisse du pétrole.

En conséquence, la Banque du Canada a affirmé que l'économie avait entamé un ajustement complexe. La banque estime qu'il pourrait s'écouler plus de deux ans avant que le Canada ne soit pleinement ajusté aux nouvelles conditions, a indiqué la sous-gouverneure Lynn Patterson lors d'un récent discours.

Selon Mme Patterson, la glissade des prix du pétrole et des autres matières premières ont entraîné des pertes d'environ 1800 $ par Canadien.

L'économiste Benjamin Reitzes, de la Banque de Montréal, a écrit vendredi, dans une note aux clients que les résultats de l'enquête « montraient un optimisme très prudent parmi les entreprises canadiennes ».

M. Reitzes a souligné que d'autres données économiques avaient été plus encourageantes ces dernières semaines, mais que des « risques significatifs » pointaient toujours à l'horizon.