Le gouvernement de Justin Trudeau abolit les critères controversés introduits en 2012 dans le régime d'assurance-emploi, qui forçaient les chômeurs de longue date à chercher - et accepter - un poste moins payant ou très éloigné de leur domicile.

Cette mesure du gouvernement Harper avait soulevé l'ire de la population dans plusieurs régions aux prises avec du chômage saisonnier, comme la Gaspésie, au Québec.

En vertu des nouveaux critères, les chômeurs devront poursuivre leurs recherches d'emploi pour toucher des prestations, « mais les exigences relatives à l'acceptation d'un travail à salaire moindre et avec des temps de déplacement plus longs [seront] éliminées », indiquent les documents budgétaires diffusés hier.

Ottawa a aussi annoncé une série d'autres mesures « immédiates » en vue de bonifier le régime d'assurance-emploi, notamment dans les régions marquées par la déprime du prix des matières premières.

Les chômeurs de 12 régions précises, incluant Calgary, Saskatoon, Terre-Neuve-et-Labrador et le nord de la Colombie-Britannique, pourront obtenir jusqu'à 20 semaines de prestations supplémentaires. Aucun secteur du Québec ne bénéficiera de cette mesure exceptionnelle, qui s'applique uniquement aux régions où le taux de chômage a bondi de plus de deux points de pourcentage depuis un an.

« Ces prestations prolongées seront offertes pendant un an à compter de juillet 2016, et cette mesure s'appliquera rétroactivement à toutes les demandes admissibles au 4 janvier 2015 », précisent les documents budgétaires.

Autre nouveauté : Ottawa compte faire passer le délai de carence de deux semaines à une semaine à partir de janvier prochain. Ce changement vise à réduire la période pendant laquelle les nouveaux chômeurs se retrouvent sans rentrée d'argent après la perte de leur gagne-pain.

Ottawa abaissera par ailleurs le nombre minimal d'heures admissibles pour les nouveaux travailleurs qui se retrouvent au chômage. À l'heure actuelle, les gens qui deviennent - ou redeviennent - membres de la population active doivent avoir cumulé 910 heures avant d'avoir droit aux prestations régulières.

L'abaissement du seuil minimal, qui variera selon les régions, permettra à 50 000 personnes supplémentaires d'avoir accès à des prestations, affirme le gouvernement.

« Ces nouvelles mesures d'assurance-emploi coûteront 1,02 milliard au gouvernement fédéral en 2016-2017, et 1,45 milliard pendant l'exercice suivant, selon les prévisions diffusées hier. »

Le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval, s'est dit déçu de ces modifications, parce qu'elles feront que les cotisations des employeurs à ce régime diminueront moins vite que prévu, puisque l'accessibilité augmente.

De son côté, le Mouvement Action-Chômage (MAC) de Montréal s'est dit déçu du « peu d'ambition » dans les modifications apportées au régime d'assurance-chômage et critique la baisse des cotisations à la caisse.