Ottawa délie les cordons de sa bourse pour venir en aide à l'Alberta, province aux prises avec des turbulences économiques en raison de la dégringolade des prix dans le secteur de l'énergie.

Le ministre des Finances, Bill Morneau, a confirmé mardi que le fédéral verserait un peu plus de 250 millions de dollars à l'Alberta dans le cadre d'un programme de stabilisation.

«Les Canadiennes et les Canadiens s'attendent à ce que nous unissions nos efforts pour aider les familles à traverser les périodes difficiles», a plaidé le ministre par voie de communiqué.

«Lors de mon récent passage à Calgary, j'ai pu moi-même constater les défis auxquels les familles albertaines font face», a-t-il ajouté dans la même déclaration.

Les défis en question sont tels qu'Ottawa a déterminé que l'Alberta était admissible au paiement maximal prévu au programme de stabilisation fiscale fédéral, qui est de 60 $ par habitant, pour un total de 251,4 millions de dollars.

Le programme de stabilisation fiscale aide les provinces faisant face «à des baisses importantes de leurs revenus d'un exercice à l'autre à cause d'un ralentissement économique exceptionnel», précise le ministère des Finances dans un document d'information.

L'annonce de cette aide financière a été accueillie tièdement par la chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, selon qui la création d'emplois, pour l'Alberta, passe par l'approbation rapide de projets d'oléoducs et l'abandon du projet libéral d'imposer une taxe sur le carbone.

«Quand est-ce que le premier ministre va comprendre que de lancer de l'argent emprunté par les fenêtres ne crée pas d'emplois?», a-t-elle lancé en Chambre.

Le reproche a étonné son interlocuteur. «Je trouve cela comique que cette députée, qui nous exhorte depuis longtemps à aider l'Alberta, nous reproche maintenant que (le transfert de 251 millions de dollars) est insignifiant», a répliqué Justin Trudeau.

La première ministre néo-démocrate de l'Alberta, Rachel Notley, avait officiellement fait la demande d'aide financière à M. Trudeau lors de la visite de ce dernier à Edmonton au début du mois de février.

Le premier ministre libéral s'était engagé lors de cette même rencontre à accélérer les versements de 700 millions de dollars déjà prévus en infrastructure pour la province de l'Ouest, où 19 600 emplois ont été perdus en 2015 - le pire résultat à ce chapitre depuis la récession de 1982.

La ministre fédérale de l'Emploi, MaryAnn Mihychuk, répète par ailleurs depuis un certain temps qu'elle planche sur des mesures visant à rendre l'accès à l'assurance-emploi plus flexible pour les travailleurs touchés par la situation économique en Alberta.

À la défense du déficit libéral

L'aide consentie à l'Alberta n'a pas fait l'objet de discussions lors du premier témoignage du ministre Morneau devant le comité des finances, mardi midi.

Le grand argentier du pays, qui avait dévoilé la veille que le déficit fédéral serait d'au moins 18,4 milliards $ l'an prochain, a plutôt été amené à se porter à la défense du plan économique libéral.

Il a soumis aux députés siégeant au comité qu'un gouvernement qui aurait cherché à équilibrer le budget à tout prix aurait plongé le Canada dans une nouvelle récession.

Le gouvernement Trudeau, pour sa part, fait de l'atteinte de l'équilibre budgétaire «un objectif» et considère les investissements comme sa véritable priorité, a fait valoir le ministre Morneau.

«Les autres partis qui ont promis un budget équilibré pendant la dernière campagne électorale à tout prix feraient des compressions de dizaines de milliards de dollars au pire moment», a-t-il suggéré.

«Pour être franc, cela nous aurait probablement plongés dans une autre récession», a argué M. Morneau.