Le premier ministre Justin Trudeau a profité de sa première allocution au Forum économique de Davos, en Suisse, pour tenter de changer l'image du Canada et décocher quelques flèches à son prédécesseur.

Devant une salle bien garnie mercredi à l'occasion de cet événement international rassemblant de nombreux dirigeants d'entreprise, chefs d'État et décideurs politiques, le premier ministre s'est notamment distancé du secteur des ressources naturelles tout en vantant la diversité canadienne.

Quelques heures après avoir pris part à un premier atelier, M. Trudeau a tenu un discours résolument différent de l'ex-premier ministre Stephen Harper, qui, lors de ses présences antérieures au coeur des Alpes suisses, présentait le Canada comme une puissance énergétique.

«Nos ressources naturelles sont importantes et elles le resteront toujours, a-t-il expliqué dans son allocution prononcée en français et en anglais. Les Canadiens savent toutefois que la croissance et la prospérité ne tiennent pas seulement à ce qui se trouve sous nos pieds, mais surtout à ce que nous avons entre les oreilles.»

Sur fond de morosité économique et de glissade des marchés boursiers à travers le monde, il a également réitéré que le Canada représente un endroit sûr pour les investisseurs désireux de faire des affaires.

«Nous avons une population diversifiée et créative, des systèmes d'éducation et de santé extraordinaires, a dit M. Trudeau. Nous bénéficions de stabilité financière et politique et d'un gouvernement prêt à investir pour le futur.»

Malgré tout, un coup de main en provenance de l'extérieur ne pourrait pas faire de tort à l'économie canadienne, qui tourne de plus en plus au ralenti depuis l'élection des libéraux fédéraux, en octobre dernier.

Après son arrivée au pouvoir, M. Trudeau avait été informé, dans des notes internes préparées par des conseillers, que les tendances économiques et sociales mondiales allaient perturber la situation financière du pays.

Ces tendances sont par ailleurs au coeur des discussions du 46e Forum économique mondial, qui se déroule sous le thème «La quatrième révolution industrielle». Les nombreux ateliers de l'événement se terminant samedi se penchent sur les impacts des technologies dans les façons de faire des entreprises.

M. Trudeau a repris un de ses messages de la dernière campagne électorale, soit que les gouvernements devaient dépenser plutôt que d'imposer des mesures d'austérité pour générer de la croissance.

«La quatrième révolution industrielle ne peut réussir si elle ne crée pas des occasions réelles pour les milliards de personnes qui ne sont pas avec nous ici, a dit le premier ministre. Au Canada, nous saisissons cela.»

Pratiquement au même moment la Banque du Canada annonçait qu'elle maintenait son taux d'intérêt directeur inchangé à 0,5 %, mais en réduisant ses perspectives de croissance pour l'économie, durement touchée par la dégringolade des prix des matières premières.

Si l'institution a évoqué certains bénéfices économiques anticipés de la promesse d'Ottawa de dépenser dans les infrastructures, elle n'a pas tenu compte de cet impact potentiellement positif parce que les détails et l'échéancier de ces investissements restent inconnus.

M. Trudeau, qui est accompagné à Davos par cinq ministres de son cabinet, a également rencontré certains des plus importants dirigeants présents au Forum économique mondial, dont la chef de la direction de Microsoft, Natya Nadella, ainsi que la chef de l'exploitation du réseau social Facebook, Sheryl Sandberg.

Au cours de ses entretiens, le premier ministre a souvent répété son message électoral en ce qui a trait à sa volonté d'investir.

En soirée, le milliardaire américain George Soros, âgé de 85 ans, qui rencontrait M. Trudeau, a également dit ne pas être préoccupé par l'état de l'économie canadienne, estimant toutefois que le nouveau premier ministre canadien était peut-être un peu trop optimiste à l'égard de l'économie mondiale.

Après avoir attiré l'attention avec son allocution, le premier ministre a une autre journée chargée jeudi, au cours de laquelle il rencontrera les dirigeants de grandes entreprises, comme le géant pharmaceutique Novartis ainsi que le constructeur automobile américain General Motors.