À cause de l'«affaiblissement de l'économie», le nouveau gouvernement de Justin Trudeau, qui a promis des investissements massifs dans les infrastructures, doit s'attendre à des déficits déjà plus importants que ce qu'il avait prévu, a estimé mardi le Directeur parlementaire du budget (DPB).

Dans ses Perspectives économiques et financières de novembre, Jean-Denis Fréchette soutient que le gouvernement libéral aura plus de mal à respecter sa promesse électorale de renouer avec l'équilibre budgétaire d'ici 2019-2020 après trois ans de déficits annoncés.

Par rapport à ce qu'il avait présenté au Comité permanent des finances des Communes en avril, le DPB révise à la baisse ses perspectives pour l'économie canadienne - une mauvaise nouvelle pour les revenus du gouvernement. L'agence prévoit maintenant un surplus de 1,2 milliard en 2015-16, mais des déficits, pour les quatre années suivantes, de 2,0 à 3,0 milliards de plus que ce qu'elle avait prévu en avril.

Or, ces prévisions ne tiennent pas encore compte de l'impact sur les finances publiques qu'auront les dépenses supplémentaires promises par les libéraux dans leur plateforme électorale. Le Parti libéral avait présenté son cadre financier en se basant sur la mise à jour du DPB, en juillet, des perspectives que le gouvernement avait présentées dans son budget de 2015.

En avril, le DPB prévoyait que le gouvernement fédéral afficherait des surplus de 1,1 milliard en 2015-2016, un déficit zéro en 2016-2017, puis des déficits de 2,6 milliards $ en 2017-2018, de 2,8 milliards en 2018-2019 et de 2,5 milliards en 2019-2020. Ces chiffres sont maintenant révisés pour tenir compte de l'«affaiblissement de l'économie»: un surplus de 1,2 milliard cette année, puis des déficits de 3,0 milliards, 4,7 milliards, 5,0 milliards et 4,6 milliards les années suivantes.

Les libéraux ont admis en campagne électorale qu'ils afficheraient des déficits de près de 10 milliards $ au terme des deux prochaines années financières, et de 5,7 milliards en 2018-2019, avant d'afficher un surplus budgétaire de 1,0 milliard en 2019-20.

«L'économie s'est contractée de manière inattendue au premier semestre de 2015, écrit le DPB. Encore une fois, le Fonds monétaire international a revu à la baisse ses perspectives concernant l'économie mondiale. Le DPB a également révisé à la baisse ses perspectives concernant les prix du pétrole et des produits de base, et prévoit maintenant une correction plus importante de l'investissement résidentiel.»

Croisé dans les couloirs du parlement, mardi, le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, John McCallum, par ailleurs économiste, a insisté moins sur les déficits que sur la perspective économique «assombrie» présentée par le DPB. «Le fait que l'économie soit plus faible que prévu (milite en faveur de) la décision du gouvernement de faire rapidement des investissements majeurs en infrastructures», a-t-il soutenu. «C'est une bonne chose à faire quand l'économie est plus faible.»

Le ministre McCallum a par ailleurs indiqué que malgré l'ampleur inattendue des déficits escomptés, son gouvernement s'en tiendra à ses engagements en matière d'infrastructures.

Le nouveau gouvernement libéral n'a pas encore annoncé s'il publierait une mise à jour de sa situation financière avant de déposer son premier budget. Le DPB, de son côté, présentera des perspectives révisées - incluant les mesures proposées par le nouveau gouvernement - «lorsque des précisions seront communiquées au cours de la nouvelle session législative».