Contre toute attente, le gouvernement fédéral a enregistré un surplus de 1,9 milliard de dollars durant l'exercice financier de 2014-2015, mettant ainsi fin à six ans de déficits.

Le ministère des Finances a dévoilé lundi matin les résultats finaux du dernier exercice financier. Ces résultats sont nettement supérieurs aux projections du gouvernement Harper, qui tablait sur un déficit de deux milliards de dollars durant 2014-2015. En 2013-2014, Ottawa avait enregistré un déficit de 5,2 milliards de dollars.

La publication de ces données donnera assurément le ton aux échanges au début de cette septième semaine de campagne électorale alors qu'un débat des chefs qui portera uniquement sur l'économie doit avoir lieu à Calgary jeudi. Le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, le leader du NPD, Thomas Mulcair et le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, ont été invités à ce débat.

Le retour à l'encore noir en 2014-2015 semble d'ailleurs se maintenir durant les premiers mois du présent exercice financier, malgré la croissance négative de l'économie canadienne durant les deux premiers trimestres de l'année. En effet, le gouvernement fédéral a affiché un surplus de cinq milliards de dollars durant les trois premiers mois de l'exercice financier 2015-2016 (avril, mai et juin), selon les calculs du ministère des Finances. Le ministère doit publier les résultats financiers de juillet au début du prochain mois, environ deux semaines avant le jour du scrutin.

Dans un communiqué de presse, le chef conservateur Stephen Harper s'est félicité de voir que le gouvernement fédéral avait finalement renoué avec l'équilibre budgétaire un an plus tôt que prévu.

« La protection de notre économie est notre priorité No 1. Avec l'instabilité croissante de l'économie mondiale, le plan d'action économique de notre gouvernement conservateur fonctionne, créant de nouveaux emplois et assurant une croissance économique par des taxes et des impôts bas et l'équilibre budgétaire », a affirmé M. Harper.

« Les libéraux et le NPD promettent tous deux d'augmenter les impôts des familles, des aînés et des petites entreprises, ce qui nuira à la création d'emplois et exposera notre économie à l'instabilité mondiale. [...] Ce n'est pas le moment pour des déficits à long terme ou des augmentations d'impôt.  Seul notre gouvernement conservateur a un plan pour protéger l'économie canadienne en s'assurant que notre budget reste équilibré et en réduisant les impôts afin de créer de nouveaux emplois et de rendre la vie plus abordable pour les familles et aînés canadiens », a-t-il ajouté.

Depuis le début de la campagne électorale, les libéraux de Justin Trudeau soutiennent que le gouvernement fédéral est en déficit compte tenu de la faiblesse de la croissance de l'économie canadienne. Le chef libéral a promis d'investir massivement dans les infrastructures au cours de la prochaine décennie - 125 milliards de dollars, soit 60 milliards de dollars de plus - afin de relancer la croissance. Il a indiqué que son plan forcerait Ottawa à enregistrer des déficits frisant les 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années et que le retour à l'équilibre budgétaire serait atteint seulement en 2019-2020.

Le NPD, pour sa part, s'est formellement engagé à présenter un budget équilibré dès la première année de son mandat s'il remporte les élections du 19 octobre.

De passage à Toronto, lundi, le chef libéral Justin Trudeau a soutenu que la publication des résultats du dernier exercice financier ne vient pas chambouler son plan pour soutenir la croissance.

« Ce que l'on connaît, c'est jusqu'à quel point les Canadiens ont besoin d'investissements, de croissance économique et de création d'emplois. Depuis 10 ans, M. Harper n'a pas pu créer ces emplois ni cette croissance qui va aider les Canadiens. Au fond, il a le pire bilan en matière de croissance économique depuis 80 ans, depuis la Grande Dépression des années 1930. Alors, notre plan est basé sur l'aide dont les Canadiens ont besoin. On sait que cette année, on est en déficit. Si M. Harper a pu créer un maigre surplus l'année passée, c'est bien parce qu'il a choisi de couper dans les programmes pour nos anciens combattants, pour nos aînés, dans l'assurance-emploi pour pouvoir présenter un budget équilibré à temps pour les élections », a-t-il fait valoir.