Le gouvernement canadien a profité de la visite du premier ministre ukrainien à Ottawa pour annoncer l'aboutissement des négociations de libre-échange entre les deux pays.

Lorsque l'accord entrera en vigueur, après sa ratification par les deux parlements, le Canada éliminera les droits de douane sur 99,9% de ses importations courantes. L'Ukraine fera de même pour 86% des siennes.

Les droits de douane ukrainiens ne s'appliqueront plus sur les produits industriels, les produits forestiers, les poissons et les fruits de mer. Pour les exportateurs canadiens, il n'y aura plus de droits à payer non plus sur le boeuf, les légumineuses, les céréales, l'huile de canola, les aliments transformés et les aliments pour animaux.

Les échanges commerciaux entre le Canada et l'Ukraine ont totalisé en moyenne 347 millions entre 2011 et 2013, selon des responsables gouvernementaux canadiens, mais ont ralenti à 244 millions l'an dernier, alors que l'Ukraine était aux prises avec la tourmente politique et un conflit armé dans des parties sud et est du pays. Le Canada a aussi fourni à l'Ukraine 400 millions en prêts à faibles taux d'intérêt depuis le début de la crise politique en 2013.

Dans un communiqué diffusé mardi après-midi, le premier ministre Stephen Harper a vanté cette entente comme un appui à la transition démocratique et aux réformes économiques de l'Ukraine, pays qui se débat contre les ambitions russes.

Devant les caméras convoquées à la maison Wilson, lieu qui avait servi aux négociations de l'accord avorté du Lac Meech, M. Harper a repris ce message sous le regard de son homologue ukrainien Arseni Iatseniouk.

«Il y a un autre objectif ici. Pour nous, c'est pour aider l'Ukraine dans son désir d'avoir une vraie transition. Les Ukrainiens ne veulent pas le passé soviétique, le passé de l'oppression. Ils veulent vivre dans une société libre et axée vers l'Occident et vers la démocratie et la prospérité. Et pour cette raison-ci, c'est un grand accomplissement», a-t-il dit à propos de l'aboutissement de ces négociations de libre-échange.

Le gouvernement conservateur multiplie les gestes d'aide à l'Ukraine, lui accordant des prêts, y envoyant une mission de formation militaire cet été, dénonçant à chaque occasion «l'agression russe». Le grand nombre d'électeurs d'origine ukrainienne dans plusieurs circonscriptions clés n'est pas étranger à cette politique, alors que la campagne électorale fédérale approche.

M. Harper a choisi le décor du parc de la Gatineau pour se faire photographier aux côtés d'Arseni Iatseniouk. Les deux hommes ont ainsi souri aux caméras en arrivant à la maison Wilson, à Chelsea, dans l'Outaouais. Mais c'est dans une salle où murs et fenêtres étaient couverts de rideaux noirs qu'ils ont été témoins de la signature des documents liant leurs deux pays dans une entente de libre-échange. Les deux leaders n'ont répondu à aucune question, les journalistes n'ayant pas été invités à l'événement.

«(Cette entente) permet d'augmenter les occasions économiques pour les Canadiens et les Ukrainiens», a aussi dit M. Harper.

Au-delà de sa valeur économique potentielle, l'accord de libre-échange solidifie l'aide du Canada à l'objectif de l'Ukraine de s'éloigner de l'influence russe, a dit M. Iatseniouk, alors qu'il remerciait M. Harper pour sa détermination à conclure cette entente.

«Vous êtes, de pair avec nos amis et partenaires à l'international, le navire amiral dans le soutien à l'Ukraine dans sa quête et son combat contre les terroristes dirigés par la Russie», a dit le premier ministre ukrainien, avant une poignée de main entre les deux hommes.