Le gouvernement Couillard n'a rien gagné de sa toute dernière rencontre avec le fédéral dans le litige sur le programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET).

La ministre québécoise de l'Immigration, Kathleen Weil, a eu un tête-à-tête avec le ministre fédéral de l'Emploi, Pierre Poilievre, mardi matin, à Québec, mais elle n'a obtenu aucune concession dans la mise en oeuvre de ce programme controversé, des assouplissements que le Québec espère pourtant depuis des mois.

Le PTET est une pomme de discorde entre les deux ordres de gouvernement. Depuis son resserrement par Ottawa en 2014 et l'entrée en vigueur des nouvelles mesures en avril dernier, des employeurs québécois se plaignent de ne pouvoir recruter de la main-d'oeuvre qualifiée dans certains domaines.

En point de presse mardi matin, Kathleen Weil n'a pas pu dire si Ottawa allait tenir compte davantage des spécificités du Québec, ce qui était pourtant une des revendications du gouvernement Couillard, fort de l'appui de toute l'Assemblée nationale dans ce dossier.

La ministre avait déjà accusé le gouvernement Harper de faire preuve d'intransigeance et de fermeture dans ce dossier, mais mardi, elle semblait plutôt se résigner à l'application du programme dans sa forme actuelle.

«C'est sûr que la réforme s'applique», s'est-elle contentée de rappeler. Cependant, elle a tenté de mettre l'accent sur les aspects positifs de sa rencontre.

«C'était un très bon dialogue avec le ministre, donc il est à l'écoute, a-t-elle insisté. (...) Il a bien écouté. On partage les mêmes objectifs. On s'assure de protéger notre marché du travail. Les Canadiens ou les Québécois d'abord, on est tout à fait d'accord.»

«Maintenant la communication est meilleure et les choses ont avancé entre fonctionnaires», a pour sa part commenté la porte-parole de la ministre, Marie-Hélène Paradis, dans une entrevue téléphonique mardi.

Mme Weil a elle-même minimisé les attentes. Elle a dit vouloir simplement s'assurer que les fonctionnaires des deux gouvernements continuent de travailler ensemble.

«Les fonctionnaires travaillent sur certains aspects pointus et les échanges vont continuer, (...) pour regarder les aspects administratifs et techniques qui peuvent causer des problèmes.»

La ministre n'a pas précisé de quelle nature étaient ces aspects pointus, tandis que Mme Paradis a indiqué qu'«on ne veut pas entrer dans les détails, je veux laisser les négociations suivre leur cours».

La veille, son collègue, le ministre de l'Emploi, Sam Hamad, avait eu lui aussi une réunion avec M. Poilievre et il avait décelé une ouverture de sa part. Toutefois, en point de presse peu après, le ministre fédéral avait promptement fermé la porte à tout accommodement, en soutenant qu'il n'était pas question de changer quoi que ce soit à sa réforme.

En juin 2014, les autorités fédérales avaient annoncé une refonte du programme de travailleurs étrangers temporaires en raison d'abus constatés, dans certains cas où des travailleurs canadiens avaient été remplacés par des ressortissants venant travailler pour une durée déterminée à un salaire peu élevé.

Ottawa avait décidé d'obliger les employeurs à prouver qu'ils ont tenté d'embaucher un Canadien d'abord avant de recourir au PTET, qui n'inclut pas le secteur agricole. Il interdisait également aux secteurs de l'hôtellerie, du commerce au détail et de la restauration de recourir au programme dans les régions où le taux de chômage est de plus de 6 pour cent.

Le fédéral a mis en oeuvre sa réforme le 30 avril 2015, malgré les protestations du gouvernement Couillard.

Parmi les griefs, Québec estime que des régions où le taux de chômage est de moins de six pour cent seront pénalisées. Le gouvernement québécois croit également que la diminution de la durée des permis de travail accordés à certains travailleurs, qui est passée de quatre à deux ans, viendra compliquer la tâche des entreprises confrontées à des pénuries de main-d'oeuvre, notamment des secteurs comme la transformation alimentaire, les technologies de l'information et les jeux vidéo.

Pas moins de 19 000 travailleurs étrangers seraient au Québec grâce au programme.