L'économie canadienne n'est pas en récession et n'y tombera pas, a assuré vendredi le ministre canadien des Finances Joe Oliver, réagissant aux prévisions pessimistes de grandes banques.

«Premièrement, nous ne sommes pas en récession. Nous ne croyons pas qu'il y aura une récession», a déclaré Joe Oliver lors d'un point de presse à Toronto en rappelant la définition d'une récession, soit un recul de la croissance deux trimestres consécutifs.

Au premier trimestre, le PIB réel canadien s'est contracté de 0,6 % en rythme annuel, mais à ce stade «nous n'avons pas les résultats du second trimestre», a dit M. Oliver, estimant donc que techniquement l'économie n'était pas en récession.

Jeudi, des banques ont estimé que l'économie canadienne, frappée de plein fouet par la baisse des prix du pétrole depuis un an, se dirigeait vers une récession.

Nomura prévoit un nouveau recul de 0,5 % du PIB en rythme annuel au deuxième trimestre, tandis que Bank of America prévoit une baisse de 0,6 %.

Une récession serait un bien mauvais scénario pour le gouvernement conservateur, au pouvoir depuis 2006, qui cherche un nouveau mandat lors des élections législatives le 19 octobre prochain.

Le ministre des Finances refuse de verser dans le pessimisme. «Nous nous attendons à une croissance solide pour l'année après un faible premier trimestre», a assuré M. Oliver.

Plusieurs institutions financières évoquent le risque d'une courte récession au Canada depuis la publication vendredi dernier des statistiques montrant que le PIB a diminué pour un quatrième mois d'affilée en avril, soit une première depuis la récession de 2008-2009.

Et ces statistiques, a rappelé Charles St-Arnaud de Nomura, ne tenaient pas compte de l'impact des incendies de forêt en Alberta qui ont entraîné un recul d'environ 10 % de la production de pétrole dans les sables bitumineux pendant une partie de mai et juin. «L'économie canadienne est vraisemblablement en récession», a-t-il souligné.

«Une récession technique est une possibilité réelle», a aussi estimé vendredi l'économiste Benjamin Tal de la banque canadienne CIBC.

Face au scénario qui se dessine, la banque centrale canadienne devra rapidement réduire à nouveau son taux directeur d'un quart de point, comme elle l'avait fait en janvier en le fixant à 0,75 %, estiment plusieurs banques.

L'institut d'émission, dont les dernières prévisions tablaient sur une croissance de 1,9 % pour 2015, sera contraint de réviser ses perspectives, selon les économistes des banques.

La première estimation du PIB pour le deuxième trimestre devrait être fournie par la banque centrale à l'issue de sa prochaine réunion, le 15 juillet. Les chiffres définitifs seront publiés le 1er septembre.