Le Canada devrait bientôt être le théâtre d'un boom de la construction de résidences pour personnes âgées afin de pouvoir répondre à la demande croissante des baby-boomers vieillissants, et les promoteurs derrière ces immeubles assurent qu'ils sauront offrir tout le confort dont rêve cette génération.

Le promoteur québécois Luc Maurice, qui allonge ces jours-ci 1 milliard $ pour de nouveaux projets, cherche à doubler le nombre d'appartements qu'il exploite dans la province. Et il s'attend à devoir dépenser au moins 3 milliards $ par année à travers le pays pour construire et rénover des résidences existantes.

«Cela n'a rien à voir avec attendre de mourir», a-t-il affirmé en décrivant ce que les personnes âgées recherchent aujourd'hui dans ces résidences.

Les aînés de l'avenir devraient être en meilleure santé, vivre plus longtemps et plus sainement, et chérir davantage leur liberté et leur autonomie. Plusieurs seront à la recherche d'amis parce qu'ils auront moins d'enfants que les personnes âgées d'aujourd'hui.

Bien que tous ne seront pas nécessairement à la recherche de luxe extrême, les personnes âgées rechercheront des installations où la qualité est semblable à celle des copropriétés, avec des cuisines modernes et une série de services optionnels qui leur permettront de vivre de façon indépendante, a estimé M. Maurice, qui prévoit construire 17 immeubles avec plus de 5500 appartements à Montréal, Gatineau et Québec au cours des quelques prochaines années.

Ces aînés veulent des services Wi-Fi pour faciliter les communications avec leurs proches, des aires communes avec des services récréatifs comme des piscines et des gyms, et un accès à des jardins. Plusieurs recherchent des environnements urbains et veulent être proches de magasins de boissons alcoolisées, des cafés et des détaillants.

Mais ce qu'ils désirent par-dessus tout, ce sont des choix - pour les repas, les activités et le niveau des soins, a estimé Thomas Wellner, chef de la direction de l'exploitant de «communautés vivantes de personnes âgées» Revera, qui prévoit doubler son nombre d'appartements pour aînés au Canada dans les cinq prochaines années.

«Je crois qu'il y a des occasions pour des offres beaucoup plus significatives afin de répondre aux demandes des aînés qui s'en viennent», a-t-il affirmé lors d'un entretien.

Le Québec affiche une bonne avance sur le reste du pays en ce qui a trait aux résidences pour personnes âgées, puisqu'on y trouve environ la moitié des 2794 résidences avec 224 342 appartements à louer pour personnes de plus de 75 ans, selon un rapport dévoilé mercredi par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL).

Environ 18,5 pour cent des aînés québécois vivent dans 1300 résidences pour personnes âgées, soit bien davantage que la moyenne de neuf pour cent pour l'ensemble du Canada, ou encore la proportion de cinq pour cent en Ontario. En Nouvelle-Écosse, à peine 1,9 pour cent des aînés habitent ces résidences - le plus faible taux au pays.

Le loyer mensuel moyen des studios et des chambres individuelles incluant au moins un repas par jour est de 2107 $ à l'échelle du pays. Le loyer mensuel moyen le plus faible est celui du Québec, à 1521 $, tandis que le plus élevé se trouve en Ontario, à 2815 $, a indiqué la SCHL.

Mais ces prix varient de façon importante selon les services fournis. Par exemple, le loyer moyen avec soins assidus atteint 3520 $ dans l'ensemble du pays, dans une fourchette s'établissant entre 2881 $ au Québec et 6011 $ en Colombie-Britannique.

Le nombre de résidences pour personnes âgées est plus faible en Ontario parce que ses résidants préfèrent être propriétaires. En outre, lorsqu'ils choisissent d'aller vivre dans ces résidences, ils optent souvent pour des endroits avec soins assidus, qui sont plus coûteux.

L'association des communautés de personnes âgées de l'Ontario (ORCA) s'attend néanmoins à ce que la province accueille davantage d'appartements pour personnes autonomes, alors que la population de personnes âgées devrait doubler au cours des 21 prochaines années pour atteindre 10 millions. D'ici 2036, le quart de la population canadienne devrait être âgé d'au moins 65 ans, comparativement à 15 pour cent actuellement.

«Nous nous attendons à un boom de lente croissance», a expliqué la chef de la direction de l'ORCA, Laurie Johnson. «Les baby-boomers ne vont pas encore vraiment se présenter dans les résidences pour personnes âgées avant un autre 10 à 15 ans, alors nous allons voir la capacité grimper sur cette période, mais le sommet est encore lointain.»

Selon elle, l'activité de construction commence déjà à s'accroître et l'accès au financement s'améliore.

De son côté, M. Wellner s'attend à ce que l'écart entre le Québec et le reste du Canada diminue au fur et à mesure que les personnes âgées de l'extérieur du Québec commenceront à utiliser le produit de la vente de leur maison pour louer des appartements.

«Si nous pouvons les convaincre de faire cela, nous avons plusieurs options qui pourraient être intéressantes et qui pourraient leur simplifier la vie.»

M. Wellner évoque notamment les résultats de sondages internes qui démontrent que la moitié des personnes âgées sont prêtes à envisager un tel changement si elles peuvent être certaines de ne pas épuiser dans l'opération toutes les économies, si elles peuvent rester actives et si elles peuvent modifier le niveau de soins qu'elles reçoivent en fonction de leur santé.

Selon l'économiste en chef de la SCHL, Bob Dugan, le taux d'inoccupation relativement élevé de 8,1 pour cent pour les résidences de personnes âgées va vraisemblablement limiter la cadence des nouveaux développements.

«Il est difficile de dire si cela va évoluer avec le temps, mais une chose est certaine: la population vieillit et il y aura plus de demandes pour les résidences pour personnes âgées. Pour ce qui est de savoir si cela prendra la forme d'un boom ou non, c'est plus difficile à dire.»