La décision de TransCanada de renoncer au site de Cacouna, confirmée jeudi, entraînera donc le report du processus d'évaluation de l'ONE.

L'organisme fédéral, qui a le mandat d'évaluer le projet de 12 milliards, prévoyait d'émettre une ordonnance d'audience au milieu de l'année. Cela aurait permis de soumettre Énergie Est à des audiences publiques cet automne.

Or, le processus d'évaluation ne peut débuter tant que TransCanada ne sera pas fixée quant au site de son port pétrolier, a indiqué Jean-Denis Charlebois, directeur responsable de l'évaluation d'Énergie Est.

«La détermination de TransCanada concernant leur port au Québec est un élément très important pour savoir si la demande est complète ou non.»

TransCanada s'est donné jusqu'au quatrième trimestre de 2015 pour décider d'un nouveau site pour le port pétrolier.

M. Charlebois précise que l'ONE n'a pas établi de manière formelle si l'annonce de TransCanada affecte l'échéancier des audiences. Il souligne toutefois qu'il n'est pas question d'évaluer séparément les différentes composantes du projet, par exemple le tronçon albertain ou celui du Nouveau-Brunswick.

Mardi, le ministre québécois des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a écrit à l'ONE pour demander le report des audiences sur le projet Énergie Est. Dans sa lettre, le ministre se disait préoccupé du fait que le processus d'approbation suit son cours alors que la forme finale du projet restait inconnue.

Cacouna abandonné

TransCanada a confirmé jeudi qu'elle ne construira pas un terminal pétrolier à Cacouna. Restant évasive, l'entreprise albertaine a indiqué qu'elle compte modifier «la portée» du projet Énergie Est, une opération qui retardera sa mise en service de deux ans.

L'oléoduc devrait ainsi être terminé en 2020 au lieu de 2018, selon la société.

TransCanada confirmait du coup les informations de La Presse, qui révélait en février que le site de Cacouna serait abandonné en raison de la présence de bélugas. Mais contrairement à ce qu'elle a laissé entendre lors de ses dernières rencontres avec le gouvernement, l'entreprise a dit toujours examiner la possibilité de bâtir un port au Québec.

«S'il y avait deux ports dans le projet original, c'est parce que les expéditeurs, nos clients, ont demandé cette capacité pour faire transporter leurs produits, a expliqué le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce. Ils continuent d'exprimer cet intérêt-là. Alors on va regarder d'autres sites potentiels au Québec pour un deuxième site.»

TransCanada n'a pas voulu préciser quels sont les autres lieux envisagés pour accueillir le terminal portuaire. L'entreprise a cependant écarté la construction d'un port au Nouveau-Brunswick.

«Un projet à haut risque»

L'entreprise a mis le port de Cacouna sur la glace, début décembre, lorsqu'un comité fédéral a désigné le béluga du Saint-Laurent comme une espèce «en voie de disparition». Le terminal devait être bâti en pleine zone de reproduction de ce mammifère marin.

L'annonce de TransCanada n'a pas ému les écologistes, qui soulignent que l'entreprise a lancé le projet de Cacouna en sachant très bien que le béluga est considéré comme une espèce menacée depuis plus de 10 ans.

«Au moins, TransCanada reconnaît pour la première fois que c'est un projet à haut risque qu'elle mène, affirme le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. La conclusion que les Québécois doivent tirer, c'est que c'est nous qui allons vivre avec les risques de ce projet et que c'est eux qui vont récolter les bénéfices.»