Les banques canadiennes effectuent un sérieux examen de leurs prêts au secteur énergétique et aux consommateurs alors qu'elles se préparent à l'éventualité que la faiblesse du cours du pétrole se prolonge pendant un bon moment.

Le chef de la direction de la Banque Royale [[|ticker sym='T.RY'|]] a indiqué que son institution commencerait à soumettre son portefeuille de 9,6 milliards $ de prêts au secteur de l'énergie à certains tests pour voir comment il pourrait performer si le prix du pétrole restait aux environs des 45 $ US le baril pendant une période soutenue.

Dave McKay a précisé que la plus grande banque commerciale du Canada avait déjà étudié la façon dont son portefeuille se comporterait si les prix se maintenaient aux environs des 60 $ US le baril, et que les résultats l'avaient satisfaite.

Mais, compte tenu de la faiblesse soutenue du cours du pétrole, la banque a l'intention d'effectuer à nouveau son examen avec un baril à 45 $ US, a indiqué mercredi M. McKay lors d'une conférence des chefs de la direction des banques canadiennes.

Le chef de la direction de la Banque de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]] , Bill Downe, a pour sa part indiqué que son institution avait mis à l'épreuve son portefeuille de prêts de 5,9 milliards $ liés au secteur du pétrole et du gaz naturel - qui représente environ 2% des prêts totaux de la banque - pour voir comment celui-ci réagirait dans un scénario où le prix du brut diminuait jusqu'à 35 $ US le baril.

«Nous avons étudié le portefeuille dans un scénario allant jusqu'à 35 $ US le baril cette année, puis de 50 $ US l'an prochain, ce qui, je crois, est conforme au scénario baissier le plus difficile que nous pouvons observer pour les 50 dernières années», a expliqué M. Downe.

Même dans une telle situation, M. Downe assure que les pertes de la banque seraient «très très gérables - en fait, elles seraient assez faibles par rapport à la taille d'ensemble des comptes de la banque».

Les plus grands prêteurs du Canada surveillent aussi les portefeuilles de leurs prêts aux consommateurs dans l'Ouest canadien, incluant ceux des cartes de crédit et des hypothèques, qui pourraient être à risque si la chute du prix du pétrole devait entraîner d'importantes mises à pied.

Le cours du brut a diminué de moitié depuis six mois et se situait ces derniers jours à son plus faible niveau depuis le printemps 2009.

Suncor, une des plus grandes entreprises énergétiques du pays, a annoncé mardi qu'elle supprimerait 1000 emplois - essentiellement des travailleurs contractuels - et qu'elle réduirait son budget de dépenses en immobilisations d'un milliard $ en raison du plongeon des prix du pétrole. La semaine dernière, Shell Canada avait aussi annoncé une réduction de la taille de son effectif à son projet de sables bitumineux Albian Sands.

Selon M. Downe, environ 20% des prêts aux consommateurs de la Banque de Montréal ont été effectués dans l'Ouest. Le patron s'attend à ce que le nombre de clients incapables de rembourser leurs soldes de cartes de crédit ou leurs dettes hypothécaires progresse, même si ce changement ne sera pas observé avant au moins un trimestre.

Les pertes sur mauvaises créances pourraient en outre s'étendre au-delà de l'Alberta, a prévenu le chef de la direction de la Banque CIBC [[|ticker sym='T.CM'|]] , Victor Dodig.

«La question est maintenant de savoir dans quelle mesure cela sera contenu localement et quelle proportion fera des vagues ailleurs au pays?» a noté M. Dodig.

Les patrons des banques s'inquiètent aussi de la possibilité que les prix de l'énergie n'entraînent un ralentissement de l'économie canadienne qui nuira aux perspectives de croissance, particulièrement au chapitre des activités de prêts personnels.

«La plus grosse histoire, s'il devait y avoir une histoire, sera de voir ce qui arrivera à la croissance dans l'éventualité où une période soutenue de faiblesse de prix du pétrole reculerait en-dessous du niveau où nous nous trouvons», a fait valoir Bharat Masrani, le chef de la direction de la Banque TD [[|ticker sym='T.TD'|]] .

Même si les banques s'attendaient déjà à ce que les emprunts au Canada connaissent un ralentissement, M. Downe affirme que l'impact sera plus important que prévu en 2015 et en 2016.

Cependant, M. McKay croit que la Banque Royale pourrait aussi tirer profit de la faiblesse du prix du pétrole. Il s'attend entre autres à ce que les activités de prêts commerciaux en Ontario - la province la plus populeuse du pays - connaissent une hausse de leurs revenus grâce au recul du dollar canadien, qui devrait favoriser les exportations vers les États-Unis et favoriser la croissance dans cette partie du pays.