Attirées par un climat économique favorable, des liens culturels forts et une proximité avec les États-Unis, les entreprises françaises sont toujours plus nombreuses à s'installer au Canada, une vigueur que doit souligner le président François Hollande dès dimanche pour sa visite officielle.

Des géants comme Total ou Véolia, en passant par des fleurons du numérique tel Ubisoft, quelque 550 sociétés hexagonales sont présentes dans ce pays. La tendance s'est accélérée au cours des derniers mois, à mesure que la perspective d'une reprise de la croissance française et européenne s'éloignait durablement.

À l'avant-scène de ce mouvement, la Chambre de commerce française au Canada constate que «le nombre d'entreprises demandant (ses) services a beaucoup augmenté ces dernières années», indique sa porte-parole, Stéphanie Gaudreault.

«Notre centre d'affaires au sein duquel nous hébergeons les entreprises pendant un à deux ans», lorsque celles-ci posent le pied au Canada, «est régulièrement complet et nous sommes parfois obligés de refuser des demandes».

Un économiste dont le travail consiste à guider les groupes français dans leurs projets d'installation au Canada confirme: «Ces derniers mois, on a l'impression qu'il y a toujours plus d'investisseurs (français) qui décident de venir faire des affaires ici».

Si traditionnellement le Québec constituait un passage obligé, les groupes français mettent maintenant directement le cap à l'ouest, dans les provinces de Colombie-Britannique et d'Alberta où l'exploitation des ressources naturelles alimente la croissance économique.

C'est d'ailleurs en Alberta que le président Hollande, accompagné d'une quarantaine de chefs d'entreprise, commence sa visite d'État dimanche, à l'invitation du premier ministre canadien Stephen Harper, lui-même élu de Calgary, la métropole économique de cette province pétrolière.

«Il s'agira de la première visite d'un président français dans l'Ouest canadien, ce qui montre que la France est vivement intéressée à développer des liens économiques et politiques avec l'ensemble du Canada, y compris dans le secteur de l'énergie», a fait valoir le cabinet du chef de gouvernement conservateur.

Pétrole de schiste

Dans l'énergie, les groupes français lorgnent notamment la construction de terminaux pétroliers et gaziers. «Là, ça va être intéressant», commente une source diplomatique française, notant que l'intérêt des sociétés tricolores se porte également sur le pétrole et le gaz de schiste, et plus particulièrement «au niveau de la recherche et développement, dans l'acquisition de technologies».

Une entente de coopération dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire doit aussi être conclue entre les autorités albertaines et Paris.

«On renforce des relations qui sont déjà importantes», avec 6,22 milliards d'euros d'échanges bilatéraux réalisés en 2013, selon la même source. «Il faut aller plus loin encore et c'est pour cela que l'on pousse l'innovation».

L'innovation dans les nouvelles technologies et le numérique constitue d'ailleurs un domaine dans lequel plusieurs PME françaises récemment expatriées se sont distinguées.

C'est le cas par exemple du groupe OVH, spécialiste de l'hébergement de sites web, qui possède depuis 2011 le plus grand centre de données du monde en périphérie de Montréal. Dans sa stratégie, cette société était «un peu à l'étroit en Europe», a expliqué le vice-président Jérôme Arnaud, notant que le Canada avait été préféré aux États-Unis notamment en raison des «inquiétudes» des clients d'OVH quant à la protection américaine des données.

Autre entreprise installée à Montréal récemment, la société informatique Linkbynet qui va doubler de taille cette année au Canada. Outre le coût du travail inférieur de 10 % à ce qui est pratiqué en France, l'entreprise a découvert «une nouvelle concurrence, une nouvelle méthodologie pour grandir, un nouveau savoir-faire», dit l'un des trois partenaires, Julien Trassard. Des acquis qui ont favorisé l'ouverture «de nouveaux marchés, aux États-Unis et à Hong Kong».