Ses finances s'améliorent à une vitesse telle que le gouvernement fédéral sortira de l'ornière des déficits dans laquelle il se trouve depuis 2008 dès le présent exercice financier, soit un an plus tôt que prévu.

Et le premier surplus qu'il dégagera en six ans pourrait être très imposant: 7 milliards de dollars, selon une analyse de deux anciens mandarins du ministère des Finances publiée hier sur le site Ipolitics.

Selon Scott Clark, ancien sous-ministre des Finances à l'époque où Paul Martin était le grand argentier du pays, et Peter DeVries, ancien directeur de la politique fiscale du même ministère, il est quasi certain qu'Ottawa affichera un surplus dès l'exercice financier 2014-2015, si la tendance décelée au cours des trois premiers mois se maintient.

Un trimestre fort

Durant le premier trimestre du présent exercice (d'avril à juin), le gouvernement fédéral a présenté un surplus de 400 millions, une amélioration de 3 milliards par rapport au déficit de 2,6 milliards enregistré durant la période correspondante de l'exercice précédent.

«Les résultats des trois premiers mois de l'exercice financier, combinés à une croissance économique supérieure pour le deuxième trimestre de 2014, indiquent fortement que le gouvernement fédéral enregistrera un surplus en 2014-2015, soit un an plus tôt que prévu», soutiennent MM. Clark et DeVries dans leur analyse.

Ce surplus friserait, selon leurs calculs, les 7 milliards, somme qui inclurait un coussin financier de 3 milliards.

Dans son plus récent budget, le gouvernement Harper tablait plutôt sur un déficit de 2,9 milliards pour 2014-2015, avant le retour à l'équilibre budgétaire l'année suivante. Mais ce budget incorporait aussi un coussin financier de 3 milliards afin de parer aux imprévus. Si Ottawa devait réussir à boucler l'année sans puiser dans ce coussin, le budget pourrait donc afficher un maigre surplus dès cette année.

Mise à jour

Le ministre des Finances, Joe Oliver, doit faire une mise à jour de la situation économique et financière cet automne, quelque temps après la reprise des travaux parlementaires le 15 septembre. Profitera-t-il de l'occasion pour confirmer le retour à l'équilibre budgétaire cette année ou gardera-t-il la bonne nouvelle pour le dépôt de son premier budget, en février ou en mars? Chose certaine, les conservateurs comptent utiliser le prochain budget, qui contiendra des baisses d'impôt pour les contribuables, comme tremplin pour les prochaines élections fédérales, prévues le 19 octobre 2015.

«Il faudrait que l'économie canadienne connaisse un ralentissement brutal pour que l'on rate le retour aux surplus dès cette année», a affirmé M. Clark, hier, dans une entrevue accordée à La Presse.

Il a souligné que les parlementaires doivent profiter des prochains mois, alors que le compte à rebours électoral est commencé, afin de débattre de l'utilisation la plus judicieuse de ces prochains surplus

M. Clark a été sous-ministre adjoint aux Finances de 1993 à 1997, alors que les libéraux entreprenaient la lutte contre le déficit, et sous-ministre des Finances de 1997 à 2000, alors qu'Ottawa enregistrait des surplus.

Utilisation des surplus

À l'époque, l'économie mondiale connaissait un boom sans précédent, avec l'émergence de la Chine et des autres pays du BRIC, ainsi que la croissance soutenue aux États-Unis. Cette période faste a permis au gouvernement canadien d'engranger des surplus durant 12 ans. Mais M. Clark, qui est président de la firme C.S. Clark Consulting, ne croit pas que ce genre de croissance se reproduira. D'où l'importance d'utiliser les surplus pour jeter les bases d'une croissance solide de l'économie, selon lui.