Le taux de chômage officiel du Canada figure parmi les indicateurs économiques les plus surveillés par les marchés et les responsables des politiques, mais il pourrait surestimer l'état de santé du marché de l'emploi au pays, affirme la Banque du Canada.

Dans sa revue du printemps, publiée mardi, la banque centrale avance que les taux de chômage ont «exagéré» la reprise de l'emploi au Canada et en particulier aux États-Unis parce qu'ils ne donnent pas une idée complète de ce qui se passe sur le marché du travail.

Aux fins de son étude, la banque a établi un indicateur composé unique appelé indicateur du marché du travail, ou IMT, qui combine une vaste gamme de mesures afin de peindre un tableau plus juste de ce qui est arrivé depuis la récession de 2008-09.

L'IMT tient compte d'indicateurs moins publicisés comme les heures travaillées, la croissance des salaires, le chômage à long terme, la sous-utilisation de la main-d'oeuvre et d'autres données. Il lève le voile sur l'un des mystères entourant les présentes statistiques voulant que le taux de chômage soit de 6,3 % aux États-Unis, soit largement moins élevé que celui de 6,9 % observé au Canada, même si toutes les autres mesures reflètent un marché du travail américain beaucoup plus faible.

L'IMT montre également que la reprise de l'emploi au Canada, bien que supérieure à celle observée au sud de la frontière, n'a pas été aussi impressionnante que ne le laisse penser le taux de chômage.

Durant la reprise de 2010 à 2013, le taux de chômage a chuté de 0,9 point de pourcentage au Canada, fait remarquer la banque. Mais l'IMT n'a diminué que de 0,5 point de pourcentage durant cette même période, ce qui laisse transpirer un marché du travail plus faible que celui reflété par le taux de chômage.

«Même le taux de chômage a évolué au Canada globalement en phase avec l'ensemble des conditions sur le marché du travail, il pourrait en avoir légèrement surestimé l'amélioration observée récemment», écrit la banque.

«Le présent article souligne la nécessité d'analyser un large éventail de variables, par-delà le taux de chômage», ajoute-t-elle.

L'article en question figure parmi les cinq publiés mardi par la Banque du Canada sur l'économie et les marchés financiers, incluant des rapports sur l'utilisation croissante du dollar canadien comme monnaie de réserve et sur les monnaies virtuelles.

L'impressionnante performance du Canada en matière de création d'emplois depuis la récession a à maintes reprises été évoquée par les ministres du gouvernement conservateur afin de justifier leur gestion de l'économie, incluant jusqu'à tout récemment, leur soutien au recours à des travailleurs temporaires étrangères pour combler les besoins en main-d'oeuvre.

Cependant, des voix discordantes se sont aussi fait entendre, notamment celle du directeur parlementaire du budget, qui a laissé entendre que les pénuries de travailleurs avaient été exagérées.