Le ministre fédéral de de la Citoyenneté et de l'Immigration, Chris Alexander, n'a pas l'intention de céder aux pressions de son homologue Kathleen Weil, qui réclame une exemption au moratoire sur le programme des travailleurs temporaires étrangers dans l'industrie de la restauration.

Le mois dernier, Ottawa a décrété ce moratoire après la mise au jour d'abus dans l'ouest du pays. Des restaurants McDonald's de Victoria, en Colombie-Britannique, auraient notamment remplacé des salariés canadiens par des travailleurs étrangers.

Le moratoire inquiète les restaurateurs québécois, qui comptaient sur ce programme pour compléter leurs équipes, notamment pendant la période estivale. La situation est particulièrement critique à Québec, où le taux de chômage est de moins de 5%.

En fin de semaine, la ministre Weil a demandé à Ottawa de consentir une «exception» au Québec, où le programme semble fonctionner correctement. «On comprend que [le gouvernement fédéral] veut contrer les abus ailleurs, mais s'il est capable de faire le constat qu'il n'y a pas d'abus au Québec, est-ce qu'on peut au moins reconnaître que nos PME ont besoin de ces travailleurs temporaires?», a-t-elle plaidé samedi à Québec.

De passage à Montréal hier pour une annonce sur les voyageurs mexicains, M. Alexander a rejeté la demande de Québec.

«Nous allons compléter la révision du programme, puis sa réforme, et je peux vous assurer que quand viendra le temps de le relancer, il ne sera plus vulnérable aux abus», a-t-il déclaré en conférence de presse à l'aéroport Trudeau.

Le ministre conservateur a reconnu qu'il pouvait être difficile pour les restaurants de Québec de recruter le personnel nécessaire. «Mais il faut regarder au-delà de la région concernée, a-t-il dit. Il y a des régions pas loin de Québec où le taux de chômage est élevé.»

Or, Ottawa suscite déjà l'ire avec sa réforme de l'assurance-emploi, qui oblige notamment les chômeurs à accepter du travail jusqu'à 100 kilomètres de chez eux. «Les employeurs partout au Canada comprennent que leur premier devoir, c'est d'avoir recours à notre marché du travail interne [plutôt qu'aux travailleurs étrangers]», a fait valoir Chris Alexander.

Visiteurs mexicains

Le ministre a par ailleurs annoncé hier la mise en place du programme Can+ destiné aux visiteurs mexicains au Canada, qui fait suite à un projet pilote de six mois. Il vise à faciliter l'obtention d'un visa pour au moins la moitié d'entre eux.

Avec Can+, Ottawa promet que le délai de traitement sera d'environ 7 jours, comparativement à 10 jours pour les demandes qui suivent la procédure ordinaire. Pour se qualifier, les requérants doivent avoir effectué un voyage au Canada ou aux États-Unis au cours des 10 dernières années.