Le gouvernement de l'Ontario a présenté son budget à Queen's Park, hier. Il pourrait rapidement être converti en plateforme électorale: le Parti progressiste-conservateur a annoncé qu'il voterait contre. Le sort des libéraux de Kathleen Wynne repose donc entre les mains du NPD.

La chef Andrea Horwath précisera ses intentions ce matin. Si elle décide de s'y opposer, les Ontariens pourraient se diriger aux urnes au mois de juin. Six choses à savoir sur les mesures dévoilées à Toronto, et qui montrent que Québec n'est pas seule aux prises avec des choix budgétaires difficiles.

Un déficit plus élevé

Le déficit du budget ontarien de 2014-2015 dépassera les 11,3 milliards de dollars de l'année précédente, pour atteindre 12,5 milliards. C'est près de 2,5 milliards de plus que ce qui avait été projeté il y a un an. Le chef du Parti progressiste-conservateur, Tim Hudak, a dénoncé cette hausse et accusé le gouvernement libéral d'augmenter les impôts pour se lancer dans des dépenses débridées. Le ministre des Finances, Charles Sousa, a affirmé que son gouvernement «demeure déterminé à équilibrer le budget d'ici 2017-2018».

Un nouveau régime de retraite made in Ontario

Devant l'impasse des négociations avec Ottawa et le faible niveau d'épargne des Ontariens, Queen's Park va de l'avant avec son nouveau Régime de retraite de la province de l'Ontario. Il viendrait s'ajouter au Régime de pension du Canada et serait financé à parts égales par les employeurs et les employés par des cotisations de 3,8% au total. Ceux qui ont déjà un régime de retraite comparable seraient exemptés du plan qui doit être instauré en 2017. L'Ontario souhaite que d'autres provinces adoptent son modèle.

Grief contre le fédéral

Voilà plusieurs années que le gouvernement ontarien se plaint d'envoyer plus d'argent à Ottawa qu'il n'en reçoit dans des programmes comme la péréquation. Il est revenu à la charge dans le budget, et traîne son voisin québécois dans le débat. «Par exemple, une réduction de 300 millions de dollars des sommes auxquelles devrait avoir droit l'Ontario est attribuable à la fermeture de la centrale Gentilly-2 au Québec», peut-on lire dans les documents budgétaires. La contribution nette de l'Ontario à la péréquation se ciblerait à 4,5 milliards cette année, comparativement à 5,9 milliards pour le Québec.

29 milliards en transports

Queen's Park veut dégager la somme impressionnante de 29 milliards de dollars sur 10 ans pour investir dans les infrastructures routières et de transports en commun dans la province. Le plan vise à pallier les problèmes de congestion dans les grandes régions de Toronto et de Hamilton, notamment. La moitié des fonds serait destinée au reste de la province. Le budget donne quelques détails sur les moyens de financer cet investissement massif: prélever une partie de la taxe sur l'essence, augmenter la taxe sur le carburant de un cent par litre pendant quatre ans et emprunter, «au besoin». Une ligne de transport léger sur train à Toronto fait partie des projets envisagés.

Taxer le 2%

Les Ontariens qui ont un salaire supérieur à 150 000$ verront leurs impôts augmenter dès cette année. Le taux le plus élevé, de 13,16%, sera désormais applicable à ceux qui gagnent 220 000$ et plus (il est à 514 090$ à l'heure actuelle). Une nouvelle catégorie avec un taux d'imposition de 12,16% sera créée pour les salaires de 150 000$ et 220 000$ (ils sont imposés à 11,6%). «Ces mesures toucheraient uniquement 2% des déclarants ontariens», a précisé le gouvernement. Elles permettraient au gouvernement d'empocher près de 700 millions par année.

Taxer les cigarettes, hausser le salaire minimum...

Campagne électorale oblige, le budget est parsemé de mesures destinées à plaire à certaines tranches de l'électorat, comme la hausse du salaire minimum de 10,25$ à 11$ l'heure. La mesure promet d'être populaire chez les néo-démocrates. Mesure moins populaire pour certains: la taxe sur le tabac augmentera d'environ 3$ par cartouche, ce qui devrait générer des revenus évalués à 135 millions par année. Certains craignent que cela augmente la contrebande, déjà présente dans la province.