Alors que le gouvernement fédéral s'apprête à renouer avec l'équilibre budgétaire après six années d'encre rouge, le ministre des Finances Joe Oliver s'inquiète de voir que certaines provinces, en particulier le Québec et l'Ontario, éprouvent de la difficulté à juguler leur déficit respectif.

À Québec, le nouveau gouvernement libéral de Philippe Couillard a annoncé la semaine dernière que les finances publiques de la province sont tellement mal en point qu'il doit comprimer les dépenses de 3,7 milliards dès cette année pour limiter le déficit à 1,75 milliard en 2014-2015.

À Toronto, le ministre des Finances, Charles Sousa, doit déposer son prochain budget jeudi à Queen's Park. Tout indique qu'il ne pourra pas atteindre sa cible en matière de déficit pour une deuxième année de suite, mettant ainsi en péril le retour à l'équilibre budgétaire prévu en 2017-2018. Le déficit dépasserait les 11,3 milliards de dollars, une somme plus importante que l'objectif de 10,1 milliards de dollars qui avait été annoncé dans le dernier budget, selon des informations publiées hier dans le quotidien The Globe and Mail.

Surplus à Ottawa

À Ottawa, entre-temps, le ministère fédéral des Finances a indiqué vendredi que le gouvernement fédéral avait enregistré un excédent de 5,1 milliards de dollars en février seulement. Il s'agit du plus important surplus mensuel depuis la grande récession de 2008. Un surplus de 2,16 milliards de dollars avait été enregistré pour le mois de janvier et un autre de 1,15 milliard de dollars en décembre.

Résultat: le déficit fédéral s'élève à 5,4 milliards après 11 mois pour l'exercice financier 2013-2014, ce qui est nettement moins que les 16,6 milliards prévus dans le budget le mois dernier. Il est donc plus que probable qu'Ottawa enregistre un premier surplus dès 2014-2015.

Dans une entrevue accordée à La Presse, le ministre des Finances Joe Oliver a soutenu qu'il importe pour tout gouvernement de sortir de l'ornière des déficits le plus rapidement possible afin de ne pas remettre à plus tard des décisions qui pourraient s'avérer plus douloureuses.

Stabilité et prospérité

«C'est un avantage pour le gouvernement d'avoir des provinces qui sont stables et prospères et dont la situation fiscale est forte. Le danger pour nous, c'est que si on baisse les impôts et le fardeau fiscal, les provinces pourraient les hausser. Cela aurait pour effet d'annuler les retombées pour les contribuables. Évidemment, c'est un avantage pour le Canada que toutes les régions et toutes les provinces aient une économie forte et stable et une situation fiscale durable», a affirmé le ministre.

Le prédécesseur de M. Oliver, l'ancien ministre Jim Flaherty, encourageait souvent les provinces à suivre ses traces en exerçant un contrôle serré de leurs dépenses.

Cela dit, M. Oliver a fait valoir que le gouvernement fédéral a donné un coup de pouce aux provinces dans leur lutte contre leur déficit respectif en faisant le ménage dans sa propre cour au lieu de sabrer les paiements de transfert aux provinces, comme ce fut le cas lorsque les libéraux de Jean Chrétien étaient au pouvoir.

«D'une certaine façon, nous avons aidé les provinces, car nous n'avons pas diminué les transferts, contrairement aux libéraux», a ajouté le ministre.

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DES CHIFFRES RÉVÉLATEURS:

5,1 milliards

Le surplus enregistré par Ottawa en février seulement

3,7 milliards

Les compressions que doit faire le Québec cette année

11,3 milliards

Le déficit prévu en Ontario en 2014-2015