En dépit des sanctions décrétées par le gouvernement Harper, le Canada poursuivra sa collaboration avec la Russie en ce qui concerne la Station spatiale internationale.

C'est ce qu'a indiqué le président de l'Agence spatiale canadienne, le général Walter Natynczyk, dans un discours prononcé hier devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

Il ne s'est toutefois pas étendu sur la question. «Comme vous le savez, le Canada a imposé des sanctions suite aux initiatives de la Russie menaçant l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine, a glissé M. Natynczyk au milieu de son allocution. Mais l'Agence spatiale canadienne continue à travailler avec tous ses partenaires pour assurer une exploitation sécuritaire et efficace de la Station spatiale internationale.»

En entrevue avec les journalistes après l'événement, M. Natynczyk a noté que chaque partenaire de la Station spatiale internationale avait un rôle à jouer. C'est ainsi que les Américains et les autres partenaires dépendent du vaisseau russe Soyouz pour transporter les astronautes vers la station spatiale.

Prenant la parole après M. Natynczyk pour le remercier, l'ancien diplomate Raymond Chrétien a qualifié cette dépendance d'ahurissante. «Ça soulève de grandes questions, surtout pour les Américains, qui ont été à l'avant-garde du progrès», a-t-il déclaré plus tard à La Presse Affaires.

M. Chrétien, qui a notamment été ambassadeur du Canada à Washington de 1994 à 2000, a indiqué qu'il sentait un certain essoufflement au sein des partenaires internationaux vis-à-vis de la Station spatiale.

«Le Canada est là jusqu'en 2020, mais ce qui arrivera après, c'est une grande question», a-t-il déclaré.

Or, à son avis, le bras robotique canadien, qui a contribué à l'assemblage de la station spatiale, est probablement l'élément qui a apporté au Canada le plus de reconnaissance internationale au cours des 50 dernières années. «Je n'ai jamais vu un tel exercice de branding avec autant de succès», a-t-il affirmé.

Il a donc souhaité que le secteur spatial demeure une priorité pour le gouvernement canadien.

«C'est devant le Conseil des ministres que le général Natynczyk aurait dû faire son discours aujourd'hui [hier]», a déclaré M. Chrétien.

Dans cette allocution, le grand patron de l'Agence spatiale a soutenu que les Canadiens bénéficiaient tous les jours des technologies spatiales, qu'il s'agisse de télévision par satellite ou de navigation GPS.

Il a rappelé que les satellites de communications permettaient aux uns et aux autres de communiquer partout dans le monde, que d'autres satellites facilitaient la navigation des navires et des avions.

Il a ajouté que le gouvernement utilisait également les données spatiales pour prévoir le temps, surveiller la qualité de l'air et des glaces, étudier les changements climatiques, gérer les ressources naturelles, évaluer les catastrophes naturelles et faciliter l'agriculture. «J'ai l'impression que nous tenons l'espace pour acquis», a-t-il déclaré.

Chaque année, l'industrie spatiale représente des revenus de 3,3 milliards de dollars pour l'ensemble du Canada et de 340 millions pour le Québec.