Le prix des propriétés a reculé de 1,8% entre les mois de février et mars à Montréal, une baisse mensuelle jamais vue depuis au moins 1990, selon le rapport de l'Indice Teranet-Banque Nationale publié hier.

«C'est la plus forte baisse mensuelle depuis qu'on a des données sur l'Indice Teranet pour Montréal, explique Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. Mais ça peut peut-être rebondir le mois d'après. Parfois, il y a des fluctuations comme ça mensuellement.»

L'Indice Teranet est considéré comme le baromètre indépendant le plus fiable pour calculer la variation des prix immobiliers dans six régions métropolitaines du Canada. En mars, cette mesure a affiché des hausses à Toronto et dans toutes les villes de l'Ouest, alors qu'elle a reculé dans celles de l'est du pays.

Pas la faute au PQ

Même si plusieurs acteurs de l'industrie immobilière ont accusé le gouvernement sortant du Parti québécois - et la campagne électorale qu'il a déclenchée le 5 mars - d'avoir accentué la baisse du marché, Marc Pinsonneault n'adhère pas à cette théorie.

«Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a aussi de la déflation à Ottawa et à Halifax, où il n'y avait pas de campagne électorale à ce que je sache, souligne-t-il. Je n'ai pas d'évidences comme quoi ça doit venir de la campagne, donc je vais m'abstenir de l'affirmer. Les conditions de marché en elles-mêmes suffisent pour qu'il y ait une baisse sur 12 mois.»

Sur un an - entre mars 2013 et mars 2014 -, le prix des propriétés a fléchi de 0,7% à Montréal. C'est la première fois depuis 1996 que les prix accusent un recul annuel pour ce mois, souligne le rapport Teranet.

L'économiste Marc Pinsonneault attribue en bonne partie cette baisse à la surabondance de propriétés à vendre sur le marché montréalais, surtout des condos. Il s'attend à ce que les prix continuent à s'affaisser quelque peu.

«À Montréal, ça ne me surprendrait pas, sur l'ensemble de 2014, de voir une baisse de prix de 1,5%, et ce ne serait pas catastrophique non plus, souligne-t-il. Il y a une offre excédentaire, il faut que le marché se corrige, mais je ne vois pas d'effondrement.»

Ailleurs au pays

À l'échelle canadienne, l'indice Teranet a affiché une croissance nulle entre février et mars. C'est la première fois depuis 15 ans que les prix stagnent à cette période-ci de l'année, à l'exception de la récession de 2009.

Sur un an, les prix affichent une hausse de 4,6%, moins rapide que celle affichée en février (5,0%). Selon Amna Asaf, économiste chez Capital Economics, ce léger déclin laisse entrevoir des hausses de prix moyennes de 3% pour le restant de l'année au Canada.

Les grandes villes de l'Ouest canadien ainsi que Toronto ont affiché des hausses de prix supérieures à la moyenne en mars. Sur un an, l'augmentation atteint 9,7% à Calgary, 7,6% à Vancouver, 5,8% à Toronto, 5,2% à Hamilton et 4,7% à Edmonton, selon l'Indice Teranet. «La pression sur les prix est restée la plus forte dans les villes où les conditions de marché sont demeurées les plus serrées, ce qui a placé le pouvoir de négociation dans les mains des vendeurs», souligne Sonny Scarfone, économiste à la TD.

Le nombre de propriétés inscrites sur le réseau Centris atteignait 35 947 en mars dans le Grand Montréal, en hausse de 9% sur un an. À cela s'ajoutent des milliers de résidences à vendre sans courtier, ainsi qu'un raz-de-marée de condos neufs, offerts directement par les promoteurs. Cette offre très abondante contribue à la mollesse des prix dans la métropole, où les acheteurs ont plus de pouvoir de négociation qu'il y a 18 mois.