Michael Warren, qui a dirigé Postes Canada de 1981 à 1985, est on ne peut plus pessimiste quant à l'avenir de la société d'État.

«Au fond, Postes Canada est en faillite, lance-t-il d'un ton péremptoire. Et je n'essaie pas d'être dramatique en disant cela!»

Postes Canada est déficitaire depuis 2011, et dans une étude publiée l'an dernier, le Conference Board a prédit que si rien ne change, la société d'État perdra un milliard par année d'ici 2020.

Dans l'espoir de renverser la vapeur, la haute direction de Postes Canada a annoncé le mois dernier la fin graduelle de la livraison à domicile dans les zones urbaines du pays, ce qui a suscité de vives réactions.

M. Warren note que Postes Canada a emprunté un milliard depuis 2008 pour moderniser ses activités, de sorte que sa dette est désormais plus importante que la valeur de ses actifs. La situation s'explique en bonne partie par le déficit actuariel du régime de retraite, qui atteignait 6,5 milliards à la fin de 2012.

Celui qui a aussi été sous-ministre en Ontario déplore que le gouvernement de Stephen Harper n'ait pas privatisé la société d'État il y a quelques années alors qu'elle était encore rentable.

Trop tard

«Le gouvernement et l'opposition n'ont pas voulu aborder cette question, dit-il. Et maintenant, Postes Canada a sombré si loin dans la non-viabilité financière qu'il est trop tard pour le faire.»

Certes, Moya Greene, qui a été PDG de Postes Canada de 2005 à 2010, a réussi à ramener la Royal Mail à la rentabilité avant que celle-ci soit partiellement privatisée par Londres, l'automne dernier. Mais pour y parvenir, la dirigeante a reçu un coup de pouce de taille du gouvernement, qui a pris à sa charge l'imposant déficit actuariel du régime de retraite et a réduit la dette de l'organisme.

Michael Warren ne croit pas que la réduction des services et la hausse des tarifs annoncées en décembre permettront de relancer Postes Canada.

«Je ne vois pas comment on pourrait sauver Postes Canada comme société d'État, affirme-t-il. Je pense qu'elle se dissoudra lentement et que le secteur privé prendra la relève en vertu de contrats octroyés par le gouvernement.»