Les risques pour la stabilité du système financier canadien se sont quelque peu amoindris au cours des six derniers mois, a indiqué mardi la Banque du Canada, même si la banque centrale nourrit toujours certaines craintes par rapport à la vulnérabilité de l'économie canadienne face à une correction du marché de l'habitation.

L'amélioration de la situation d'ensemble du système financier canadien est essentiellement le fait d'une plus saine économie et d'un redressement de la crise de la dette nationale en Europe, qui était au coeur des risques depuis la récession de 2008-09, a indiqué la Banque du Canada dans sa revue semestrielle du système financier.

Officiellement, la banque centrale calcule maintenant que le risque global est «moyennement élevé», comparativement à l'évaluation d'un risque «élevé» qui prévalait depuis décembre 2011. Le pire résultat possible sur l'échelle de la banque est «très élevé».

«D'abord et avant tout, la zone euro a continué de se stabiliser», a indiqué la banque dans son rapport. «La probabilité d'une crise financière survenant dans cette région a par conséquent diminué.»

«Deuxièmement, la plupart des économies avancées ont enregistré une hausse des taux d'intérêt à long terme, ce qui a contribué à améliorer la situation financière des investisseurs institutionnels dont les engagements s'inscrivent dans la durée, telles les caisses de retraite et les sociétés d'assurance-vie.»

Si la Banque du Canada a souligné la situation en Europe, elle a aussi noté des signes évidents de reprise, ou du moins, d'amoindrissement des risques.

Mais la banque a tout de même, une fois de plus, consacré une large section de son rapport aux difficultés soutenues et aux risques de surchauffe du marché canadien de l'habitation, ainsi qu'au niveau d'endettement des ménages, qui reste près d'un record.

En particulier, la Banque du Canada a observé que même si la reprise des ventes de maisons et la hausse des prix qui l'accompagne sont des phénomènes temporaires, le marché canadien de l'habitation reste surévalué et les ménages sont toujours vulnérables à une crise, ou à une forte hausse des taux d'intérêt.

La banque s'est montrée particulièrement inquiète du marché des copropriétés à Toronto, qui compte une importante offre excédentaire de logements invendus, et où le nombre de logements invendus en construction reste élevé.

«Si les logements en chantier ne sont pas absorbés par la demande à mesure qu'ils seront terminés dans les prochaines années, il existe un risque qu'il se produise une correction des prix et de l'activité dans la construction», a averti la banque.

Malgré tout, la Banque du Canada fait remarquer que même si le niveau d'endettement est élevé, la croissance du crédit avait fortement ralenti au Canada et que les nouveaux prêts se retrouvaient entre les mains d'emprunteurs avec de meilleurs dossiers de crédit. La banque centrale est confiante de voir l'endettement des ménages se stabiliser à ses niveaux actuels, puis commencer à diminuer.

De nouvelles données dévoilées jeudi ont laissé voir un ralentissement des mises en chantier de copropriétés à Toronto en novembre, un développement qui a vraisemblablement été bien reçu par la banque.