L'économie canadienne a rebondi avec plus de vigueur que prévu au troisième trimestre, mais sa croissance n'a pas suffi pour convaincre le marché que les conditions économiques n'étaient plus fragiles et vulnérables à d'éventuels chocs nationaux et étrangers.

La production économique a progressé de 2,7% en données annualisées pour le trimestre de juillet à septembre, sa plus importante croissance en deux ans. Sur une base mensuelle, le produit intérieur brut (PIB) a avancé de 0,3%.

Mais l'aspect impressionnant du gain d'ensemble n'a pas suffi pour stimuler le dollar canadien, vendredi. Même s'il a temporairement pris 0,21 cent US après la publication du rapport de Statistique Canada, le huard a replongé et affichait en après-midi un recul de 0,32 cent US, à 94,14 cents US.

Si les marchés ne se sont pas montrés impressionnés, c'est probablement parce que plusieurs éléments non récurrents ou facteurs non soutenus ont joué un rôle dans la croissance économique. L'accumulation des stocks a contribué à hauteur de 1,2 point de pourcentage au total et une partie de la reprise est attribuable au retour à la normale de l'activité à la suite des inondations en Alberta et de la grève de la construction au Québec, en juin.

Malgré tout, des analystes ont estimé que le résultat était suffisant pour éliminer les discussions au sujet d'une possible réduction du taux d'intérêt directeur de la Banque du Canada. La banque centrale devrait garder le taux de sa politique monétaire à un pour cent lors de sa prochaine décision à ce sujet, la semaine prochaine, et cette décision devrait être répétée jusqu'en 2015, selon une majorité d'observateurs.

«Avec une croissance du PIB supérieure au potentiel pour la deuxième moitié de l'année et une inflation qui ne sort pas des prévisions à court terme de la Banque du Canada, il sera difficile de justifier une réduction (de taux d'intérêt)», a observé Jimmy Jean, de Desjardins Marché des capitaux.

L'économiste de la Banque de Montréal Doug Porter voit dans les détails du rapport certains éléments qui lui font dire que l'économie croît en fait aux environs de deux pour cent en ce moment, ce qui correspond à l'estimation du potentiel économique de la banque centrale.

Mais certains éléments positifs sous-jacents dans le rapport laissent entrevoir une reprise dans les mois à venir.

Les dépenses à la consommation ont grimpé, tout comme les investissements des fabricants et des entreprises - tous de solides indicateurs pour l'économie - et les exportations nettes ont été moins mauvaises que prévu, ne retirant qu'environ 0,3 point de pourcentage à la croissance d'ensemble.

Les économistes s'attendaient à un rebond de l'économie à la suite des chocs qui ont réduit sa croissance à 1,6% au deuxième trimestre. Leur prévision moyenne était de 2,5%. La Banque du Canada avait initialement prédit que ce rebond serait aussi élevé que 3,8% mais elle a changé d'idée le mois dernier et réduit ses attentes à un faible 1,8%.

Outre la performance du secteur manufacturier, la surprise du rapport était la vigueur soutenue des dépenses des consommateurs, qui ont avancé de 2,2% en données annualisées, même si leur niveau d'endettement se situe près d'un sommet record.

Par ailleurs, le secteur des ménages a enregistré une croissance de 2,4% en données annualisées, les coûts de transfert de propriété ayant pris 8,1% pendant que ceux des activités de rénovation avançaient de 1,1% sur une base trimestrielle.