Une importante chute du prix de l'essence et les déclins de ceux de plusieurs autres biens et services ont fait reculer l'inflation à 0,7 pour cent le mois dernier, ce qui donne une nouvelle raison à la Banque du Canada de ne pas hausser les taux d'intérêt de sitôt.

L'inflation d'octobre a reculé de quatre dixièmes de point de pourcentage par rapport à septembre, atteignant du coup son plus faible niveau depuis mai. Sur une base mensuelle, les prix d'ensemble ont reculé de 0,2 pour cent en octobre comparativement au mois de septembre. Les deux déclins ont été plus importants que ne l'avaient prévu les économistes.

Selon des analystes, cette faible inflation donne largement raison à la Banque du Canada pour ce qui est de sa décision d'abandonner, le mois dernier, sa préférence pour un éventuel resserrement de sa politique monétaire - une idée qu'elle répétait depuis 18 mois.

Dans sa plus récente annonce sur la politique monétaire de la banque centrale, le gouverneur Stephen Poloz s'était inquiété de la capacité inutilisée de l'économie, un message qu'il a renforcé cette semaine en se disant en désaccord avec l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon qui les taux d'intérêt du pays devraient être haussés dès la fin 2014.

Pour l'instant, la plupart des observateurs ne s'attendent pas à ce que la Banque du Canada hausse son taux directeur à court terme - actuellement à un pour cent - avant la mi-2015.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a estimé que la faible inflation d'octobre méritait qu'on s'y attarde, mais il a ajouté qu'il était trop tôt pour s'inquiéter d'une éventuelle déflation, soit un recul étendu des prix.

La déflation peut avoir des effets néfastes sur une économie. Elle augmente le niveau réel des dettes détenues par les firmes et les ménages alors que les profits et les revenus sont habituellement stables. En outre, elle peut encourager les consommateurs à reporter leurs achats dans l'espoir que les prix continuent à reculer, ce qui accentue la pression sur les producteurs pour réduire leurs prix et leurs salaires.

M. Porter juge que le risque de déflation est relativement faible, mais qu'il ne peut pas être complètement ignoré lorsque l'inflation est près d'un pour cent.

«Ce sera inquiétant si elle commence à reculer encore davantage. Alors, nous nous rapprocherons inconfortablement de la déflation et cela peut devenir un engrenage duquel il est difficile de s'extraire», a-t-il expliqué.

«Si quelque chose d'autre devait survenir et frapper l'économie mondiale, nous pourrions nous retrouver avec une vraie déflation.»

Mais pour l'instant, rien ne permet de croire que les prix s'apprêtent à reculer de façon soutenue, notamment parce que les salaires grimpent à un rythme annuel de près de deux pour cent et que la croissance économique est aussi près du seuil de deux pour cent.

Par ailleurs, l'important ralentissement d'octobre était principalement attribuable aux prix de l'essence, qui ont tendance à fluctuer - parfois de façon importante.

Une meilleure mesure de la tendance plus large des prix à la consommation est l'inflation de base - qui exclut les prix des éléments les plus volatils, comme ceux des aliments frais et de l'essence. Celle-ci n'a glissé que d'un dixième de point à 1,2 pour cent le mois dernier, ce qui reste dans la fourchette d'un à trois pour cent préconisée par la Banque du Canada.

Dans son rapport, Statistique Canada a noté que «des prix plus bas pour l'essence ont été affichés dans toutes les provinces en octobre, la Saskatchewan (-8,6 pour cent) ayant enregistré la diminution la plus importante d'une année à l'autre et l'Ontario (-1,8 pour cent), la diminution la plus faible».

Les prix de l'essence à la pompe ont plongé de 5,1 pour cent en octobre par rapport à septembre, et ils étaient inférieurs de 4,3 pour cent à ceux d'octobre 2012.

Les prix à la consommation ont avancé à leur plus lent rythme dans sept des dix provinces canadiennes, la Colombie-Britannique ayant même carrément affiché un recul de 0,3 pour cent. En outre, les prix ont reculé par rapport à l'an dernier dans trois des huit principales composantes de l'agence fédérale - les vêtements et chaussures (-0,7 pour cent), les transports (-0,1 pour cent) et les soins de santé et soins personnels (-0,5 pour cent).

Des principaux groupes ayant vu leurs prix augmenter, celui des aliments ont gagné 0,9 pour cent et ceux du logement ont progressé de 1,3 pour cent. Seul le groupe des boissons alcoolisées et des produits du tabac a grimpé de plus de deux pour cent, soit 2,3 pour cent.

Sur une base mensuelle, les prix des hôtels, du gaz naturel, de l'électricité et des légumes frais ont tous reculé par rapport à septembre.

Le taux d'inflation dans les provinces et territoires

Voici le taux dans les provinces et territoires du pays (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Terre-Neuve-et-Labrador 1,5 (1,7)

- Île-du-Prince-Édouard 2,0 (2,2)

- Nouvelle-Écosse 0,9 (1,3)

- Nouveau-Brunswick 0,8 (0,7)

- Québec 0,2 (0,9)

- Ontario 0,9 (1,2)

- Manitoba 2,2 (2,5)

- Saskatchewan 1,5 (1,5)

- Alberta 1,0 (1,3)

- Colombie-Britannique -0,3 (0,0)

- Whitehorse, Yukon 1,6 (2,1)

- Yellowknife, T.-N.-O., 1,6 (2,0)

- Iqaluit, Nunavut 1,7 (1,4)

Le taux d'inflation dans les grandes villes

Voici le taux dans les grandes villes du pays (le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses):

- Saint-Jean, T.-N.-L., 1,5 (1,7)

- Charlottetown-Summerside, 2,1 (2,2)

- Halifax, 0,8 (1,2)

- Saint-Jean, N.-B., 0,7 (0,6)

- Québec, 0,3 (0,9)

- Montréal, 0,4 (0,8)

- Ottawa, 0,8 (1,1)

- Toronto, 1,1 (1,4)

- Thunder Bay, 0,8 (1,0)

- Winnipeg, 2,2 (2,5)

- Regina, 1,7 (1,8)

- Saskatoon, 1,1 (1,2)

- Edmonton, 0,5 (1,1)

- Calgary, 0,5 (1,6)

- Vancouver, 0,0 (0,3)

- Victoria, -0,5 (-0,3)