La Banque du Canada serait-elle en train de gagner son pari? À en croire les données de septembre sur le commerce international de marchandises, on est tenté de répondre: en partie.

Le déficit commercial du Canada a diminué pour le quatrième mois d'affilée à hauteur de 440 millions de dollars, selon les données de Statistique Canada. C'est plus de deux fois mieux que la prévision médiane des experts.

La valeur des exportations a grimpé pour le deuxième mois d'affilée et a franchi le cap des 40 milliards pour la première fois depuis mars. Celle des importations a bougé à peine.

Le rétrécissement du déficit est surtout dû à une poussée des livraisons vers l'Union européenne, avec qui le solde commercial a diminué de 375 millions pour porter le déficit à 995 millions. Il reste encore beaucoup à faire de ce côté, toutefois: le Canada enregistrait un surplus avec ces pays il y a quelques années.

Avec les États-Unis, l'excédent a grimpé de 80 millions, à 4,3 milliards.

L'augmentation des volumes des expéditions a atteint 1,9 %, tandis qu'on a observé une baisse de ceux des importations.

Si cette nouvelle réalité devait se maintenir, cela signifierait que le commerce extérieur pourrait enfin prendre le relais de la consommation comme locomotive de la croissance, comme le souhaite et le prédit la Banque du Canada depuis quelques mois.

Ce ne sera toutefois pas le cas pour le trimestre qui s'est terminé en septembre. Les volumes d'exportations nettes (exportations moins importations) ont été plus faibles durant l'été que durant le printemps, à cause d'un vilain début trimestriel. Au deuxième trimestre, le commerce extérieur avait aussi entravé légèrement la croissance.

La Banque du Canada compte aussi sur une augmentation des investissements des entreprises, garante de gains de productivité dont la compétitivité canadienne a le plus grand besoin. Le meilleur baromètre est le volume d'importations d'équipement et de matériel. Il était en baisse depuis le début de l'année. Durant l'été, il a stagné.

Les entreprises choisiront d'augmenter ou de moderniser leurs capacités de production quand l'horizon économique s'éclaircira nettement.

Les plus récentes statistiques américaines sur l'emploi et sur les intentions des décideurs d'achats manufacturiers et autres ont agréablement surpris, alors que celles du commerce extérieur publiées jeudi ont déçu. Le déficit commercial (biens et services) s'est creusé de 3,1 milliards, à 41,8 milliards, selon les données du département du Commerce. Les exportations étaient à la baisse pour le troisième mois d'affilée, alors que les importations ont augmenté. Même si ce dernier chiffre est jugé peu encourageant, les commerçants ont sans doute gonflé leurs stocks avant la ruée du temps des Fêtes qui commence avec le Black Friday, dans deux semaines.

Du côté de l'Europe, deuxième partenaire commercial du Canada, on a annoncé jeudi que la fragile reprise de la zone euro amorcée au printemps s'est... fragilisée durant l'été. La croissance y a été limitée à 0,4 % en rythme annualisé, comparativement à 1,2 % au printemps. L'économie française a trébuché pour une troisième fois en quatre trimestres, tandis que celle de l'Italie s'enfonce davantage et que la toute-puissante allemande ralentit.

Les livraisons du Canada sur le Vieux Continent ne pourront ainsi continuer d'augmenter en dépit de l'accélération de la croissance au Royaume-Uni, premier client européen du Canada.