En 2004, le Canada détenait le record peu enviable du plus grand nombre de billets contrefaits en circulation dans les 10 pays les plus industrialisés. Les pertes directes s'élevaient à au moins 13 millions, selon le Rapport d'évaluation Stratégie nationale de lutte contre la contrefaçon, que La Presse a obtenu.

Aujourd'hui, le nombre de faux billets en circulation a chuté de plus de 90% au pays. Les pertes s'élèvent à environ deux millions par année, et le Canada est devenu, sur ce plan, l'un des plus performants parmi les 10 pays les plus industrialisés.

La création, en 2007, de trois équipes intégrées de lutte contre la contrefaçon, chapeautées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Vancouver, Toronto et Montréal, n'est pas étrangère à cette situation. Au cours des six dernières années, les enquêteurs de la GRC et leurs collègues des corps de police provinciaux et municipaux ont multiplié les opérations contre les faussaires. L'autre coup de massue a été asséné par la Banque du Canada qui, depuis novembre 2011, a émis des billets de 100, 50 et 20$ en polymère, très difficiles à reproduire. Historiquement, le billet de 20$ est celui qui est le plus souvent contrefait, et il est maintenant une proie beaucoup moins facile.

«Actuellement, au Canada, on est à 27 billets contrefaits pour un million. C'est le niveau le plus bas depuis des décennies, et ça continue de descendre. La répression policière a contribué à la baisse des faux billets, mais l'apparition du billet en polymère, c'est ce qui a achevé le taux de contrefaçon», résume le caporal Daniel Michaud, patron de l'Équipe intégrée de lutte contre la contrefaçon (EILC) de la GRC au Québec.

Ne pas baisser la garde

Mais le consommateur ne doit pas s'endormir pour autant. Alors qu'historiquement cette place était occupée par l'Ontario, le Québec est maintenant la province où circulent le plus de billets contrefaits, avec plus de 50% de tous les faux billets.

Il s'agit généralement d'anciens billets de papier, mais 200 faux billets de 100$ en polymère ont tout de même été découverts dans une municipalité de la Colombie-Britannique au début de l'année. Plus près de nous, moins d'une dizaine de faux billets de 20$ en polymère de mauvaise qualité ont été saisis à Montréal l'année dernière et cette année.

«On sait que la technologie va toujours en s'améliorant. Les faux billets de polymère sont apparus en Colombie-Britannique. Il y en a eu dans d'autres pays. Pour le moment, ces faux billets sont rares, mais ils existent. Il faut donc que les gens soient conscients, qu'ils ne fassent pas confiance aveuglément à leurs billets et qu'ils les examinent. Lors d'une transaction, nous devenons responsables d'un billet contrefait et nous perdons l'argent si nous l'acceptons», explique le caporal Michaud.

Depuis les dernières années, les faussaires ont visiblement été contraints de se tourner de plus en plus vers la fraude par cartes de débit et le vol d'identité, qui font également partie du mandat des Équipes intégrées de lutte contre la contrefaçon. Les enquêteurs du Québec suivent les tendances, eux qui ont accusé une soixantaine de suspects de vol par cartes bancaires dans un projet baptisé Chapitre, en mai 2012.

- Avec la collaboration de William Leclerc

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Départager le vrai du faux

Nous avons demandé au caporal Daniel Michaud, patron de l'Équipe intégrée de lutte à la contrefaçon (EILC) de la GRC, de nous expliquer les principaux éléments de sécurité à scruter sur les nouveaux et les anciens billets de 20$.

Nouveaux billets de 20$

La surface: le billet de polymère est plus lisse que celui en papier.

La résistance: il est quasi impossible de le déchirer à mains nues. Par contre, il se coupe aisément avec des ciseaux ou un couteau.

Les reflets: l'hologramme de la fenêtre principale change de couleur lorsqu'on incline le billet.

Les fantômes 1:le chiffre 20 apparaît dans l'hologramme et le long de la fenêtre principale.

Les fantômes 2: le visage de la reine Élisabeth II apparaît dans la fenêtre.

Le verso: les mêmes images fantômes apparaissent dans la fenêtre, même au verso du billet.

La texture: la surface est légèrement bombée sur les épaules de la reine, sur le principal chiffre 20 et sur les mots Banque du Canada.

Les effets: on collant l'oeil sur la petite fenêtre, à gauche, le détenteur verra une feuille d'érable, une petite fleur et le chiffre 20.

Vrai vieux billet de 20$

La surface: le billet est en papier avec une texture légèrement cotonnée.

La mosaïque: la bande holographique change de couleur lorsqu'on incline le billet. Le chiffre 20 et une feuille d'érable apparaissent.

Les fantômes 1: le visage de la reine Élisabeth II apparaît dans la zone pâle située à la gauche du chiffre 20 écrit en gros.

Les fantômes 2: un petit chiffre 20 apparaît et disparaît à la gauche du visage fantôme de la reine lorsqu'on incline ou pose à plat le billet.

La précision: le chiffre 20 en position verticale, qui se trouve à la gauche du gros chiffre 20, doit être bien tracé et aligné.

La continuité: la ligne qui apparaît à la droite du billet doit être continue à la lumière et pointillée à l'arrière lorsque le billet est incliné.