Les exportateurs européens feraient trois fois plus d'économies sur les droits de douane que leurs homologues canadiens en vertu du nouvel accord de libre-échange entre les deux zones, a appris La Presse Canadienne.

Les exportateurs du Vieux Continent épargneraient ainsi plus de 670 millions $ par année en tarifs douaniers, contre quelque 225 millions $ pour ceux du Canada.

Des sources ont confirmé à La Presse Canadienne que ces évaluations, qui semblent considérablement favoriser les exportateurs européens, sont citées dans une analyse interne de l'UE sur l'accord de principe récemment conclu avec le Canada.

La révélation de cet élément coïncidait par ailleurs avec la publication par le gouvernement Harper du «résumé technique» de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'UE (ACEG), maintenant disponible en ligne.

Le ministre du Commerce international, Ed Fast, a soutenu que le document de 26 pages présenté par le premier ministre Harper constituait un résumé détaillé de l'accord.

Ce résumé technique ne cite cependant pas les chiffres qui circulent en Europe sur les retombées de l'accord de chaque côté de l'Atlantique.

Et selon l'expert en commerce du Conseil des Canadiens Stuart Trew, le document ne contient que peu d'informations nouvelles par rapport à celles divulguées lors de la conclusion de l'accord, le 18 octobre.

«Ce résumé de l'ACEG ne présente pas beaucoup de nouvelles informations et nous n'avons toujours pas le texte, donc on ne peut tout simplement pas se fier aux exagérations du gouvernement Harper à propos de cet accord», a-t-il tranché.

M. Fast a rejeté les critiques de ceux qui ont déploré que le gouvernement n'ait pas encore publié la totalité du texte de l'accord.

«Un autre exemple de la transparence qui a caractérisée tout ce processus, c'est que nous allons déposer un résumé très détaillé des retombées de l'accord aux Communes», avait-il affirmé plus tôt mardi lors d'un discours à Ottawa.

Il a également déclaré que les bienfaits de l'accord allaient bien au-delà de «l'élimination tarifaire». Selon lui, le gouvernement fédéral récupérera encore bien davantage que ces 670 millions $ perdus en tarifs douaniers.

«Nous nous attendons à ce que les avantages sur l'économie dépassent largement la perte des tarifs. Au final, cela se traduira par un avantage fiscal net pour le Canada», a-t-il assuré.

«Nos exportateurs en profiteront, nos importateurs en profiteront, nos travailleurs en profiteront et, bien sûr, nos consommateurs en profiteront», a poursuivi le ministre Fast.

Le premier ministre Harper s'est rendu à Bruxelles plus tôt ce mois-ci pour signer l'accord de principe en compagnie du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Il avait alors soutenu que l'entente créerait jusqu'à 80 000 emplois au Canada, bien que des économistes, et plus particulièrement ceux des syndicats, aient déjà mis en doute ces chiffres.

L'accord devrait faciliter la circulation des biens et services entre les deux zones, dont les secteurs de l'automobile, des médicaments et du vin, de même que le déplacement de la main-d'oeuvre.

Il faudra patienter entre 18 et 24 mois pour que l'accord soit ratifié à la fois par le Canada et l'UE.