Le gouvernement ontarien prévient Ottawa qu'il exigera des compensations financières pour certains de ses secteurs économiques qui risquent de souffrir du nouvel accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Cet accord de principe, dont les détails ne seront dévoilés que vendredi matin, aura un impact sur pratiquement tous les aspects de l'économie canadienne. Les gouvernements provinciaux ont pu, au cours des derniers jours, consulter les grandes lignes de ce que devrait être l'accord et ont pris soin de préparer leur réplique.

L'annonce officielle de l'accord de libre-échange aura lieu lors d'un événement spécial à Bruxelles réunissant le premier ministre, Stephen Harper, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

D'autres provinces ont déjà fait part de leur intention de demander des compensations pour des changements aux règles sur les brevets de produits pharmaceutiques, qui pourraient retarder jusqu'à deux ans l'entrée sur le marché de leur version générique, moins coûteuse. Certaines estimations prévoient que le coût de ces changements pour les programmes publics de médicaments des provinces pourrait dépasser le milliard de dollars.

Le ministre ontarien du Développement économique, Eric Hoskins, a déclaré dans un communiqué que si Queen's Park soutenait l'accord de principe, son gouvernement n'en était pas moins inquiet des conséquences qu'il pourrait avoir sur les industries pharmaceutique, laitière, vinicole et des spiritueux.

«Nous avons signifié ces inquiétudes au gouvernement fédéral et nous ferons des demandes précises au gouvernement fédéral pour atténuer les conséquences sur ces secteurs clés de l'économie ontarienne», a-t-il indiqué.

La plainte du gouvernement ontarien sur l'industrie du vin et des spiritueux concerne une modification technique du «coût de service», qui pourrait entraîner la diminution du prix des vins européens dispendieux et, du même coup, accroître la compétition pour les produits locaux.

Un représentant du gouvernement fédéral a indiqué qu'Ottawa avait anticipé cette réaction des provinces, précisant qu'une annonce serait faite sur les possibles compensations financières et les différents secteurs qui pourraient s'en prévaloir.

Il a également tenu à rappeler que l'accord de libre-échange permettrait de créer quelque 80 000 nouveaux emplois une fois son instauration complétée.

Les partisans de l'accord, dont les détails ne sont toujours pas ficelés, ont de leur côté prévenu que les avantages pour l'économie canadienne risquaient de s'évaporer devant des intérêts établis. Certains estiment même que l'entente pourrait injecter à l'économie canadienne une somme encore plus élevée que les 12 milliards de dollars avancés par le gouvernement fédéral.