Le ministre du Commerce, Ed Fast, réfute les allégations européennes voulant que le surplace du gouvernement canadien ait empêché la conclusion d'un accord de libre-échange aussi tôt qu'en février dernier, affirmant qu'il demeure convaincu que les deux parties en arriveront éventuellement à une entente.

Dans une entrevue accordée vendredi avant un remaniement ministériel attendu la semaine prochaine, M. Fast a affirmé que des négociateurs discutaient cette fin de semaine, et devraient se rencontrer bientôt pour résoudre une courte liste de problèmes toujours présents.

La semaine dernière, l'ambassadeur de l'Union européenne Matthias Brinkmann a blâmé le Canada pour la longueur des discussions, qui comprennent plusieurs échéanciers ratés, y compris lors du sommet du G8, le mois dernier en Irlande. Les demandes de quotas canadiens pour l'exportation de boeuf demeurent un point de discorde entre les deux camps, a-t-il dit.

Le ministre Fast continue de soutenir que les deux parties se sont rapprochées depuis février dans plusieurs dossiers, et que l'état des négociations est désormais plus proche de la vision canadienne des choses.

Il ne croit pas non plus que les négociations de libre-échange entre l'UE et les États-Unis équivaudront à une mise sur la touche du Canada.

Un responsable proche du dossier adopte cependant un point de vue différent de celui de M. Fast; selon lui, le Canada a déjà offert des compromis sur deux dossiers encore délicats, soit l'agriculture et les droits de propriété intellectuelle. Ottawa serait d'ailleurs de plus en plus nerveux, alors que Bruxelles se fait plus confiant.

Par ailleurs, le gouvernement Harper est à la recherche de bonnes nouvelles en matière d'échanges commerciaux, et espère en trouver au Japon.

Délaissant quelque peu le dossier européen, Ed Fast affirme en effet que le Canada effectue des progrès significatifs dans ses pourparlers avec le Japon, la troisième puissance économique de la planète.

Dans un communiqué, le ministre a indiqué que des progrès avaient été effectués dans plusieurs domaines, dans le cadre de la troisième ronde de négociations ayant pris fin vendredi à Tokyo.

Une étude conjointe sur les avantages potentiels d'un accord de libre-échange Canada-Japon suggère que la bonne entente permettrait d'injecter 3,8 milliards par année dans l'économie canadienne. Si l'Europe conclut elle aussi un accord, cette somme pourrait atteindre environ 16 milliards.

Il s'agit là environ du tiers de ce qu'un accord avec l'Europe doit apporter au PIB, mais cela constituerait malgré tout l'entente la plus importante négociée par Ottawa depuis l'ALENA.

Selon des responsables, une entente Canada-Japon pourrait être moins difficile à négocier que celle avec l'Union européenne, puisqu'il existe davantage de compatibilité dans des secteurs, et moins d'industries particulières qui pourraient entraîner des conflits.

Par exemple, l'un des principaux objectifs canadiens est d'accroître les exportations de boeuf, comme en Europe, mais Ottawa pourrait faire l'objet d'une résistance moindre de la part de la petite industrie japonaise du bétail.

Le Japon, déjà troisième marché d'exportation du boeuf canadien, a éliminé cette année certaines des restrictions mises en place après les craintes de maladie de la vache folle, il y a une décennie.

Tokyo veut également se débarrasser de la taxe de 6,1% sur les exportations automobiles, aidé en ce sens par le fait que Toyota et Honda fabriquent des véhicules en Ontario.