Des joueurs payés en retard. Un juge qui décide du sort de l'équipe. Un investisseur sauveur qui disparaît à la dernière minute. La saga financière des Coyotes de Phoenix? Non, plutôt celle des Sénateurs d'Ottawa - les adversaires du Canadien en séries éliminatoires ce printemps - il y a 10 ans.

En janvier 2003, aux prises avec des dettes d'environ 360 millions, le propriétaire de l'époque Rod Bryden place l'équipe et l'amphithéâtre (alors appelé le Centre Corel) à l'abri de ses créanciers. Pendant huit mois, la Cour supérieure de l'Ontario supervise les opérations et la vente de l'équipe, parvenue cette saison-là à un match de participer à la finale de la Coupe Stanley.

«Les dossiers d'insolvabilité sont toujours compliqués, mais celui-là l'était particulièrement. Il y avait différents créanciers avec différents intérêts», se souvient Roxanne Anderson, la comptable nommée par le tribunal pour veiller à la gestion des Sénateurs en 2003.

Lourdes dettes

Un dossier compliqué, vous dites? Le propriétaire Rod Bryden devait 160 millions aux créanciers des Sénateurs, notamment des institutions financières comme la CIBC. En tant que propriétaire de l'amphithéâtre, M. Bryden devait aussi 200 millions à son constructeur Covanta Energy, lui aussi sous la protection de ses créanciers aux États-Unis. Pas évident de trouver un acheteur dans ces circonstances.

Rod Bryen tente d'abord de racheter son équipe de hockey quelques jours après l'avoir mise sous la protection des tribunaux.

Avec le milliardaire de l'alimentation Nelson Petz, il offre de 80 à 100 millions US, mais son associé américain se désiste finalement à la mi-mars. Le milliardaire ontarien Eugene Melnyk, fondateur de la pharma Biovail, se manifeste alors. Pour 130 millions, il s'entend avec les créanciers des Sénateurs et du Centre Corel, et l'équipe reste dans la capitale du pays.

Déménagement

Les Sénateurs ont-ils failli déménager? La Ligue nationale de hockey (LNH) préférait garder l'équipe à Ottawa, mais le tribunal a permis à des investisseurs désirant déménager l'équipe de consulter les états financiers. Au moins un groupe ayant comme intention de déménager l'équipe a participé à ce processus confidentiel, sans toutefois faire d'offre à la fin.

«La LNH avait une forte préférence à garder l'équipe à Ottawa, mais nous n'avons pas écarté les parties intéressées à acheter l'équipe avec l'intention de la déménager dans une autre ville. En réalité, aucune partie [qui aurait déménagé l'équipe] n'a fait d'offre d'achat écrite», se rappelle Me John O'Toole, l'avocat de Borden Ladner Gervais qui représentait à l'époque le syndic nommé par le tribunal.

Dix ans plus tard, l'hypothèse du déménagement des Sénateurs n'est qu'un mauvais souvenir à Ottawa. La hausse du huard a assaini les finances de l'équipe, le propriétaire Eugene Melnyk (fortune de 923 millions en 2011, selon Canadian Business) a les reins plus solides que Rod Bryden et, surtout, l'équipe n'a plus le poids de la dette contractée par les premiers propriétaires pour construire l'amphithéâtre au coût de 200 millions sans fonds publics.

Si leur avenir semble assuré à Ottawa, les Sénateurs ne sont pas non plus devenus une puissance financière de la LNH. Seizième équipe la plus riche de la Ligue, selon Forbes, ils auraient perdu de l'argent au cours de quatre de leurs neuf dernières saisons (sans compter la saison actuelle). Et Ottawa reste l'un des 10 plus petits marchés de la LNH.

Le Canadien a connu une bonne saison à RDS

Le Canadien vient par ailleurs de connaître une bien meilleure saison régulière sur la glace... et au petit écran.

En terminant au deuxième rang de l'Association de l'Est, l'équipe de Michel Therrien a généré une cote d'écoute moyenne de 771 000 téléspectateurs pour les 48 matchs de sa saison écourtée par le lock-out.

Il s'agit d'une hausse de 24% par rapport à la saison précédente, où l'équipe avait terminé au dernier rang de son association.

Le Tricolore vient ainsi de connaître la troisième meilleure saison régulière de son histoire au petit écran, derrière les moyennes de 797 000 téléspectateurs en 2010-2011 et de 795 000 téléspectateurs en 2008-2009.

En séries éliminatoires, les cotes d'écoute grimpent toutefois rapidement.

Lors de sa dernière série éliminatoire au printemps 2011, le Tricolore avait attiré en moyenne 1,7 million de téléspectateurs à chacun de ses sept matchs contre Boston.