Ralentissement économique ou pas, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, est catégorique: le déficit sera éliminé au plus tard en 2015, soit avant les prochaines élections fédérales.

En novembre dernier, Jim Flaherty semblait se résigner à reporter encore une fois d'un an la date du retour à l'équilibre budgétaire en raison de la faiblesse de la reprise économique mondiale. Mais un vif rappel à l'ordre du premier ministre Stephen Harper et de nombreux militants du Parti conservateur l'ont converti à la doctrine du déficit zéro à tout prix.

Après son passage en Ontario, où son bilan comme ministre des Finances dans le gouvernement conservateur de Mike Harris est plutôt mitigé, M. Flaherty veut éviter de porter l'étiquette du ministre des déficits sur la scène fédérale.

Autre élément qui l'incite à atteindre cet objectif, la majorité des promesses des conservateurs de la dernière campagne électorale, en 2011, sont conditionnelles à l'élimination du déficit. Le fractionnement du revenu pour les couples ayant un enfant de moins de 18 ans et la hausse de la contribution annuelle au compte d'épargne libre d'impôt (CELI) à 10 000$ font partie de ces promesses conditionnelles. Le déficit prévu en 2012-2013 est de 26 milliards.

«L'élimination du déficit est devenue une obsession personnelle pour lui. C'est son héritage politique qui est en cause. Le seul héritage possible, pour un ministre conservateur, c'est d'éliminer le déficit. Le gouvernement Mulroney n'a eu aucun ministre qui a pu éliminer le déficit. Il pourrait être le premier ministre des Finances conservateur en plus de 50 ans à venir à bout du déficit», a expliqué hier un stratège conservateur.

En poste depuis 2006, Jim Flaherty présentera aujourd'hui à la Chambre des communes son huitième budget. Mais tous les budgets présentés depuis la crise économique de 2008 ont été déficitaires. S'il demeure à la barre des Finances jusqu'aux prochaines élections en 2015, sept des neuf budgets qu'il aura concoctés auront été rédigés à l'encre rouge. Pis encore, il aura fait passer la dette accumulée du gouvernement fédéral de 457 milliards à près de 633 milliards en 7 ans, un bond faramineux de 176 milliards.

La pression d'éliminer le déficit vient également du cabinet lui-même. Certains ministres commencent à montrer des signes d'impatience.

«Nous avons une dette accumulée de plus de 600 milliards que nous avons créée et dont nous sommes responsables. La carte de crédit à Ottawa est pleine. Il est temps de la rembourser», a affirmé le ministre d'État à la Petite entreprise, Maxime Bernier, cette semaine, dans une entrevue à la radio de Radio-Canada.

M. Bernier fait partie des élus conservateurs qui militent pour un resserrement des dépenses du gouvernement fédéral. Au congrès national du Parti conservateur, qui aura lieu à Calgary à la fin de juin, il se fera même l'apôtre d'une motion qui propose de geler les dépenses annuelles d'Ottawa à 300 milliards pendant cinq ans, une fois l'équilibre budgétaire atteint.

«On ne règle pas un problème d'endettement par plus d'endettement. On règle un problème d'endettement en payant nos dettes. [...] Il faut que les politiciens prennent des décisions courageuses et coupent dans leurs propres dépenses», a-t-il affirmé sans ambages.

Pour atteindre le déficit zéro en 2015, Jim Flaherty devra imposer de nouvelles compressions qui pourraient atteindre 2 milliards. Le ministre a promis de rétablir l'équilibre sans réduire les transferts aux provinces, ni augmenter le fardeau fiscal des contribuables.

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QUELQUES CHIFFRES

> Déficit en 2012-2013: 26 milliards

> Délai pour éliminer le déficit: deux ans

> Date des prochaines élections fédérales: octobre 2015