En parallèle avec l'épineux dossier de la réforme l'assurance-emploi, une autre pomme de discorde pourrait bien surgir entre Ottawa et les provinces: les transferts fédéraux pour la formation de la main-d'oeuvre.

Le gouvernement fédéral verse annuellement près de 2 milliards de dollars aux provinces pour qu'elles offrent de la formation aux travailleurs qui touchent des prestations d'assurance-emploi et 500 millions de dollars pour les chômeurs qui n'y ont pas droit. Mardi, des médias ont révélé que le ministre des Finances, Jim Flaherty, aimerait voir Ottawa intervenir davantage dans la gestion de ces sommes. Il souhaiterait notamment plus de coordination et d'imputabilité de la part des provinces.

Mais à Québec, on compte bien se battre bec et ongles pour conserver la gestion du programme.

«On n'a certainement pas l'intention de céder quelque centimètre que ce soit de nos pouvoirs, de nos champs de compétences, au gouvernement fédéral», a lancé en entrevue le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier.

M. Cloutier a assuré que Québec n'a pas été consulté par le ministre Flaherty sur ce dossier. Selon lui, les ententes signées avec Ottawa en 1997 et en 2008 à cet égard «font consensus» et «fonctionnent bien».

«Le gouvernement fédéral s'est déjà attaqué au programme de l'assurance-emploi. On ne laissera pas tomber les travailleurs en ce qui a trait au programme de formation», a-t-il averti.

Aux Communes

Même si la nouvelle n'avait pas été confirmée par le bureau du ministre Flaherty, il n'en fallait pas plus pour que le sujet rebondisse à la période de questions aux Communes.

«Maintenant que le chat est sorti du sac à l'égard du programme de 2 milliards $ que le gouvernement a l'intention de reprendre et de confisquer aux provinces, est-ce que le premier ministre n'est pas d'accord qu'il est temps de consulter (les provinces)?», a demandé le chef libéral intérimaire Bob Rae.

Tant Stephen Harper que M. Flaherty n'ont ni confirmé ni infirmé l'information selon laquelle ils souhaiteraient changer la façon de procéder dans le transfert de ces sommes.

«Comme l'a dit le ministre des Finances, il serait prématuré de spéculer sur le contenu du budget», a tranché M. Harper.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair s'est indigné de ce qu'il a qualifié de «non-réponse».

«Si les conservateurs changent encore la direction là-dessus, ça serait énormément d'argent gaspillé (et) surtout les espoirs de beaucoup de personnes qui cherchent de l'emploi qui seront dissipés», a-t-il déploré.

Comme il s'agit encore d'une rumeur, le chef bloquiste Daniel Paillé a dit espérer qu'elle soit démentie par M. Flaherty au moment de déposer son budget.

«Ça peut être une façon de faire des conservateurs, de lancer un ballon comme ça juste pour voir jusqu'où il va monter. Mais je pense que le ballon n'a même pas quitté la terre, il a explosé», a-t-il illustré.

En décembre dernier, le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, avait demandé à son homologue fédéral lors d'une réunion avec les ministres des autres provinces de renouveller l'entente venant à échéance en 2014.

M. Marceau avait admis ne pas avoir obtenu de réponse ferme de la part de M. Flaherty à cet égard, mais avoir malgré tout senti «une intention» en faveur du renouvellement.

Le bureau du ministre Flaherty n'a pas voulu fournir de plus amples renseignements sur le dossier à La Presse Canadienne, l'invitant plutôt à relire la transcription de l'intervention en Chambre du ministre plus tôt en après-midi.