Le premier ministre Stephen Harper a réitéré son engagement de défendre la gestion de l'offre, hier, tandis que des réunions de haut niveau se tenaient à Ottawa dans le cadre des négociations d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Un article publié dans le Globe and Mail faisait état hier d'un possible assouplissement des mesures visant à protéger l'industrie laitière canadienne contre la concurrence étrangère, dans le cadre d'un éventuel accord final. Devant l'insistance du Canada d'augmenter la présence du porc et du boeuf canadiens sur les marchés européens, en effet, les négociateurs de l'UE réclameraient maintenant un traitement similaire pour les fromages produits dans leurs pays membres.

Le gouvernement fédéral n'a pas nié ni confirmé ces informations. Mais le premier ministre Harper, qui a fait de la protection de la gestion de l'offre l'une de ses promesses électorales en 2011, a à nouveau confirmé sa position lors de la période de questions hier.

«Ce gouvernement a défendu la gestion de l'offre avec succès dans diverses négociations commerciales et nous allons continuer à le faire», a-t-il déclaré.

Le ministre québécois des Relations extérieures et du Commerce international, Jean-François Lisée, a pour sa part tranché que la gestion de l'offre était non négociable.

Rencontres à Ottawa

L'accord de libre-échange le plus ambitieux de l'histoire canadienne devait être conclu en 2011, mais la difficulté de trouver un terrain d'entente dans divers secteurs a prolongé les négociations. Signe que les démarches pourraient être près du but, des rencontres ministérielles se sont tenues hier à Ottawa et devaient se poursuivre aujourd'hui, pour chercher à aplanir les derniers différends entre les parties.

Ainsi, une rencontre était prévue entre le ministre canadien de l'Agriculture, Gerry Ritz, et son homologue européen dans le courant de la journée hier, et le ministre du Commerce international, Ed Fast, devait souper avec le commissaire européen au commerce, Karel De Gucht.

Néanmoins, depuis des rencontres semblables tenues en novembre, les deux parties n'osent plus avancer de date pour la conclusion d'un accord.

Confiance prudente

Du côté de l'industrie laitière, on était à la fois prudent et confiant devant les garanties offertes par le gouvernement conservateur.

«Le gouvernement Harper, on peut en penser ce qu'on en veut, mais en général, quand M. Harper dit qu'il va faire quelque chose, il le fait», a tranché le porte-parole de la Fédération des producteurs de lait du Québec, François Dumontier.

«Le premier ministre, sur cet enjeu-là, a toujours été extrêmement clair, a ajouté M. Dumontier. Si demain matin, il renonce à ce à quoi il s'engage depuis longtemps, on le dira. Mais jusqu'à maintenant, le gouvernement canadien n'a pas fléchi d'un iota dans sa parole publique.»

«On reste préoccupés, a néanmoins conclu le porte-parole. On suit cela attentivement parce que pour nous, la seule chose qui va compter, c'est le texte final.»

Quant au Conseil des industriels laitiers du Québec, qui représente plusieurs producteurs de produits laitiers comme du fromage ou du yogourt, son président Pierre Nadeau s'est montré ouvert à des ajustements.

À l'heure actuelle, par exemple, environ 20 000 tonnes de fromage étranger entrent au Canada sans se voir imposer de tarifs douaniers. Plus de 13 000 tonnes proviennent de l'Europe. Ainsi, selon M. Nadeau, le Canada pourrait accorder les 7000 tonnes restantes à l'Europe également, ce qui n'affecterait pas l'industrie canadienne. Mais «s'ils vont chercher plus que 7000, là on a un problème. Parce que déjà, ça commence à éroder le marché qu'on a. Mais dès qu'on s'en tient à 7000, on est corrects», a-t-il précisé.