Le directeur parlementaire du budget est d'accord avec le gouvernement conservateur: les nouvelles sont bonnes pour l'économie du Canada à long terme.

En fait, Ottawa aurait même un peu plus de marge de manoeuvre que le ministère des Finances ne l'avait prédit, ce qui permettrait au gouvernement d'accroître ses dépenses ou de réduire les impôts à long terme, selon le bureau de Kevin Page.

Ainsi, d'ici 2050, les modifications apportées à certaines politiques par les conservateurs auront entraîné une réduction de 78 points de pourcentage du ratio de la dette nette fédérale au produit intérieur brut (PIB), selon un rapport sur la viabilité financière rendu public mercredi par le DPB.

La viabilité financière signifie que la dette fédérale ne connaîtra pas une croissance supérieure à celle de l'économie.

Même si l'économie canadienne semble être sur la bonne voie pour les prochaines décennies, le DPB encourage le gouvernement fédéral à donner suite à une recommandation du vérificateur général, qui suggérait à Ottawa de «produire de temps en temps une analyse visant toutes les administrations publiques confondues (fédérale, provinciales et territoriales) afin d'offrir une perspective pour le Canada dans son ensemble».

Kevin Page, dont le mandat de cinq ans arrivera à échéance au printemps, s'est souvent montré très critique à l'endroit du gouvernement Harper, notamment en matière de transparence.

Lorsque M. Page a annoncé un «déficit fiscal» à long terme, en 2010, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a rejeté le rapport comme étant un travail académique.

Mais après qu'Ottawa eut unilatéralement décidé d'imposer un plafond pour les transferts aux provinces en matière de financement de la santé, le directeur parlementaire a révisé ses prévisions à long terme, pour estimer que les finances fédérales étaient viables.

Lorsque, dans le cadre de leur budget 2012, les conservateurs ont fait passer l'âge de la retraite de 65 à 67 ans, en affirmant que le système des pensions était en crise, M. Page s'est inscrit en faux, utilisant de nouveau des modèles de rentabilité à long terme.

Suite à la publication du dernier rapport de M. Page, toutefois, le gouvernement s'est bien gardé d'émettre la moindre critique.

«Le gouvernement est d'accord avec le fait qu'en raison des récentes actions gouvernementales, la structure fiscale du gouvernement fédéral est viable à long terme», a déclaré par courriel le porte-parole Jack Aubry.

Les projections demeurent sujettes aux problèmes mondiaux, a réitéré le ministère des Finances.

«Voilà pourquoi retrouver l'équilibre et réduire le taux d'endettement par rapport au PIB est si important. Cela permet d'offrir la flexibilité fiscale nécessaire pour réagir aux chocs économiques mondiaux inattendus, et répondre aux priorités futures des Canadiens, tout en conservant des impôts réduits.»

Les provinces font cependant les frais de cette viabilité fédérale, puisqu'elles devront débourser des sommes supplémentaires pour compenser les réductions des transferts fédéraux en santé.

«Le fardeau fiscal n'est pas éliminé, a dit M. Page. Nous transférons ce fardeau des comptes fédéraux à ceux des provinces et territoires.»

Plutôt que d'attaquer son bureau, avance Kevin Page, le gouvernement devrait régulièrement répondre aux rapports avec ses propres données qui réfutent, clarifient ou corroborent les conclusions du directeur parlementaire du budget.