Le ministre fédéral de l'Industrie, Christian Paradis, veut bien se faire le champion de l'industrie aérospatiale auprès de ses collègues du cabinet, mais il y a quand même certaines recommandations du rapport Emerson qui auront peu de chances de devenir réalité. Comme un meilleur partage des risques dans le développement des technologies.

«C'est au privé à courir des risques, a déclaré le ministre Paradis hier, au cours d'une brève rencontre avec les médias en marge d'un sommet de deux jours organisé à Ottawa par l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC). Ce n'est pas au gouvernement à courir des risques, nous sommes là pour soutenir.»

Le gouvernement Harper a demandé à l'ancien ministre conservateur David Emerson de faire un examen des politiques et des programmes fédéraux liés au secteur aérospatial. M. Emerson a rendu public son rapport la semaine dernière. Il a notamment recommandé d'axer le principal programme du gouvernement fédéral en la matière, l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (ISAD), sur la notion de partage de risque. Selon lui, lorsque l'ISAD appuie une innovation en particulier, l'échéance du remboursement de l'aide et le taux applicable devraient être déterminés en fonction des revenus générés par cette innovation, et non par la performance financière de l'entreprise dans son ensemble.

Bon accueil

L'industrie a bien accueilli cette recommandation. «Il ne faut pas mélanger les choses, a déclaré le président et chef de la direction d'Héroux- Devtek, Gilles Labbé, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Il ne faut pas lier les paiements à la performance globale de l'entreprise. Si la nouvelle technologie ne fonctionne pas, je perds ma mise, même si d'autres produits à côté peuvent fonctionner.»

Si M. Paradis s'est montré tiède par rapport à un partage de risque, il s'est montré très ouvert à une poursuite de l'aide fédérale à l'industrie.

«Ça prend un gouvernement qui est supporteur, a-t-il déclaré aux journalistes. Nous ne pouvons pas tout faire, nous avons un cadre au niveau de la politique manufacturière, un cadre fiscal qui est de plus en plus attrayant, mais nous voulons également faire partie de la solution lorsque vient le temps d'investir dans l'innovation.»

Dans l'allocution qu'il a prononcée devant les membres de l'AIAC, il a noté que le gouvernement fédéral avait investi 827 millions de dollars dans 26 projets de recherche et développement par l'entremise de l'ISAD au cours des quatre dernières années.

La vice-présidente aux affaires publiques de Bombardier Aéronautique, Hélène Gagnon, a indiqué que la priorité, à ce moment-ci, était d'abord de s'assurer du renouvellement du financement de l'ISAD. Il faut également simplifier ce programme pour que les petites et moyennes entreprises y aient également accès, selon elle.

Mme Gagnon a tenu à parler en leur nom parce qu'elle a été nommée hier matin présidente du conseil de l'AIAC. Il s'agit de la première femme à occuper ce poste en 50 ans d'histoire.