L'économie montréalaise souffre-t-elle du lock-out de la LNH? Non, répondent deux économistes américains s'étant penchés sur la question.

Dans une étude publiée en 2006, les professeurs d'économie Victor Matheson (College of Holy Cross) et Robert Baade (Lake Forest College) concluent qu'un conflit de travail dans le sport professionnel n'a pas d'impact sur l'économie d'une ville.

Comme les gens dépensent leur argent ailleurs, l'État perçoit essentiellement le même niveau de taxes à la consommation, ce qui signifie que l'économie ne ralentit pas durant le conflit de travail.

«Ça ne veut pas dire que le conflit de travail n'a absolument pas d'impact, mais au plan statistique, l'impact est tellement petit qu'il doit être considéré comme zéro», dit Victor Matheson, en entrevue à La Presse.

La LNH prétend perdre actuellement de 18 à 20 millions de dollars par jour en raison du lock-out, soit une moyenne d'environ 633 000$ par équipe (troisième équipe la plus riche de la LNH, le Canadien perd beaucoup plus que la moyenne).

Selon les estimations de La Presse, un match du Canadien au Centre Bell pourrait générer 266 000$ en taxes à la consommation à Ottawa et Québec. «Les pertes réelles dans l'économie sont au moins 10 fois moins importantes que ce que les ligues prétendent, dit Victor Matheson.

Les ligues calculent leur perte de revenus, mais elles oublient de dire que leurs clients dépensent ailleurs dans l'économie. Les gens ne brûlent pas leur argent qu'ils auraient consacré au hockey, surtout à Montréal où il y a d'autres activités que le hockey.

Si le lock-out de la LNH a un impact, il se fait sentir davantage à Ottawa et Winnipeg, où les options de divertissement sont moins nombreuses.»

Pas toujours bon pour l'économie...

En 2006, Victor Matheson et Robert Baade ont tenté de quantifier l'impact des 11 conflits de travail dans la NFL, la LNH, la NBA et le baseball majeur entre 1980 et 2005 sur l'économie de la Floride, qui compte huit équipes professionnelles. Résultat: chaque fois, la variation sur les taxes à la consommation est trop négligeable pour établir un impact économique.

Sept fois sur onze, l'impact était trop légèrement négatif; quatre fois sur onze, il était trop légèrement positif. Bizarre? Pas quand on approfondit la question selon Robert Baade.

«D'un point de vue purement économique, le sport professionnel n'est pas toujours bon pour l'économie d'une ville, dit-il. Les joueurs professionnels empochent la majorité des revenus générés par l'équipe, mais ils ne vivent généralement pas dans la ville où ils jouent après leur saison et leur carrière. Ils dépensent donc une partie de leur salaire ailleurs que dans la ville où ils l'ont gagné.»

Victor Matheson admet néanmoins que la Floride est un échantillon particulier: les amateurs privés d'un sport peuvent se rabattre sur trois autres sports professionnels et plusieurs équipes universitaires. M. Matheson déplore le manque de données pour faire la même étude au Canada.

Le Canadien de Montréal n'a pas voulu commenter hier l'impact du lock-out de la LNH sur l'économie montréalaise.