Un dollar canadien fort ne représente pas nécessairement une épine dans le pied de l'économie canadienne, estime le ministre des Finances Jim Flaherty.

La force actuelle du huard, qui transige depuis quelques jours au-dessus de la parité avec le dollar américain, augmente le pouvoir d'achat des entreprises au pays qui souhaitent acheter de nouveaux équipements pour améliorer leur productivité, selon le ministre.

M. Flaherty est sorti hier de sa coquille habituelle au sujet des politiques monétaires et la force du dollar canadien depuis quelques semaines. Il a fait ces commentaires alors qu'il s'apprêtait à rencontrer des gens d'affaires et des experts en matière de politiques publiques pendant deux jours, afin de faire le point sur la situation économique en prévision de la rentrée automnale.

Certaines entreprises qui exportent leurs marchandises vers les États-Unis ont souvent déploré dans le passé la montée rapide du dollar canadien parce que cela rend leurs produits moins concurrentiels sur le marché américain.

Mais M. Flaherty préfère voir l'autre côté de la médaille en faisant valoir qu'un dollar qui atteint la parité permet à d'autres entreprises de faire des investissements leur permettant d'augmenter leur productivité, notamment en achetant des équipements à la fine pointe de la technologie à meilleur prix aux États-Unis.

«Les données économiques et fiscales du Canada sont solides et cela se reflète dans une certaine mesure dans la valeur de notre monnaie», a dit le ministre. «Il y a deux côtés de cette même médaille. Cela a un certain impact sur nos exportations. Mais j'ai appris, à la suite de mes entretiens avec les leaders du monde des affaires du pays, qu'ils s'y adaptent».

La principale crainte des entreprises canadiennes est d'avoir à composer avec un dollar canadien peu stable sur les marchés financiers - ce qui n'a guère été le cas au cours des derniers mois.

«Nous n'avons pas vu cela dernièrement. L'aspect positif (d'un dollar canadien plus fort) est que cela a permis aux entreprises canadiennes de faire l'achat de machinerie et d'équipements. Ces achats ont beaucoup explosé au cours des dernières années et cela est fort important pour augmenter la productivité au pays et la croissance de notre économie», a ajouté le ministre.

Chez le regroupement des Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), on confirme que la plupart des entreprises se sont adaptées à la force du dollar au fil des années.

La balance commerciale

«Nous sommes en 2012. Le dollar a commencé à augmenter en 2002. [...] Il y a peut-être encore des entreprises qui souffrent de cette perte de compétitivité. Elles ne se sont pas restructurées ou elles n'ont pas diversifié leurs marchés. Mais les plus grandes entreprises, les mieux organisées, les plus petites et les plus innovantes, la question du dollar canadien, elles en ont absorbé le plus gros du malaise», a indiqué Audrey Azoulay, directrice aux affaires publiques et relations gouvernementales chez MEQ.

Toutefois, la hausse du dollar entraîne un autre problème qu'il ne faut pas négliger, a noté Mme Azoulay: la balance commerciale du Canada est passée du positif au négatif. «On importe énormément maintenant et du coup notre balance commerciale est déficitaire. Avant, c'était l'inverse et en 2002 on était un exportateur net, ce qui était important pour le Québec», a souligné Mme Azoulay.

Par ailleurs, le ministre Flaherty s'est félicité de la bonne tenue de l'économie canadienne dans un contexte où la crise de la dette souveraine en Europe est loin d'être réglée et où la situation budgétaire aux États-Unis continue de causer des maux de tête aux élus américains en cette année d'élections présidentielles.

M. Flaherty a de nouveau réclamé des mesures plus musclées de la part des pays de l'Union européenne pour régler la crise de la dette. Et il a réitéré la vive opposition du gouvernement Harper à une participation canadienne à un plan de recapitalisation des banques européennes.